Après un nouveau suicide : Colère des inspecteurs du travail08/02/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/02/une2271.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Après un nouveau suicide : Colère des inspecteurs du travail

Le 7 février, six syndicats appelaient les inspecteurs du travail à une journée de grève nationale, avec un rassemblement près du ministère du Travail à Paris et des manifestations en province, pour dénoncer leurs conditions de travail après un nouveau suicide d'un collègue de 32 ans. Ils exigent la qualification de ce suicide (et d'un autre survenu il y a huit mois) en « accident de service » et disent leur crainte d'autres drames du fait du manque d'effectifs.

L'inspecteur du travail Romain Lecoustre, qui avait déjà fait une première tentative en juillet dernier, s'est suicidé à son domicile, à Lille, le 18 janvier. Depuis 2010, la médecine du travail de Lille et les organisations syndicales du secteur dénonçaient la détérioration des conditions de travail du service de Romain Lecoustre et plus généralement la forte souffrance au travail dans le département du Nord.

Les inspecteurs du travail dénoncent une charge de travail trop lourde, qui découle de la politique du gouvernement de non-renouvellement d'un fonctionnaire sur deux lors du départ en retraite, une pression croissante sur les résultats chiffrés et une organisation du travail en décalage complet avec la demande des usagers. Ils constatent que « la hiérarchie (...) fait de la dévalorisation et de la déstabilisation des agents un mode de relation hiérarchique ». Ils exigent l'abandon immédiat de tous les objectifs chiffrés et l'arrêt des suppressions d'emplois.

Depuis janvier 2010, quatre inspecteurs du travail se sont suicidés, parmi lesquels Luc Béal-Rainaldy, secrétaire national du syndicat FSU, qui s'était suicidé dans des locaux de son ministère de tutelle, dans le 15e arrondissement de Paris.

L'activité des inspecteurs du travail consiste à veiller au respect de la législation du travail. Or, dans le contexte actuel où le gouvernement et le patronat multiplient les attaques pour réduire les droits des travailleurs, le gouvernement n'a pas envie de donner à l'inspection du travail les moyens de vérifier à fond si les patrons ne violent pas le Code du travail.

Le gouvernement leur demanderait plutôt de fermer les yeux comme il l'avait fait lors du mouvement contre la réforme des retraites à l'automne 2010, où une instruction ministérielle leur demandait d'« apprécier avec souplesse les éventuels dépassements aux durées maximales hebdomadaires de travail » pour permettre le réapprovisionnement en essence des stations services et casser la grève des raffineries et les blocages de dépôts de carburants. C'était une invite à détourner le Code du travail que les inspecteurs du travail avaient alors dénoncée, avec raison.

Partager