Le programme de François Hollande : Rien pour les travailleurs01/02/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/02/une2270.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Le programme de François Hollande : Rien pour les travailleurs

Le programme que François Hollande a présenté jeudi 26 janvier a beau contenir soixante points, il n'y a rien dedans pour les travailleurs. Rien pour lutter contre le chômage, pour s'opposer aux fermetures d'entreprises. Rien pour rattraper la hausse du coût de la vie qui appauvrit les salariés, les chômeurs, les retraités, tous ceux qui se débattent pour tenter de boucler leur budget. Hollande n'a même pas évoqué une revalorisation du smic, ni celle des pensions ; il ne s'est engagé que sur l'augmentation de 25 % de l'allocation de rentrée scolaire.

« Programme de crise, pragmatique, équilibré parce que les classes favorisées vont devoir faire un effort », disent ceux qui le soutiennent. Mais quel effort est demandé aux plus riches, et dans quel but ? Hollande prévoit de récupérer 29 milliards d'euros en rognant quelques niches fiscales, en créant une tranche supérieure d'imposition au taux de 45 %, en rehaussant les droits de succession et en rétablissant l'ancien ISF. Alors, s'il maintient toujours ses propositions une fois élu, il va prendre un peu aux plus aisés. Mais cet argent ne sera pas redistribué aux plus démunis, il ira au remboursement de la dette de l'État, c'est-à-dire qu'il va atterrir dans les coffres des banquiers et des spéculateurs.

Hollande a bien promis de recréer sur cinq ans 60 000 postes supprimés dans l'Éducation nationale, et 5 000 emplois dans l'ensemble justice, police, gendarmerie. Il a aussi affirmé qu'il mettrait fin à « la règle aveugle » du non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite. Mais le tout se ferait sans augmenter le nombre total de fonctionnaires, par des redéploiements, en prenant sur d'autres services publics. En clair, cela signifie qu'il y aura encore moins de personnel dans les hôpitaux, les transports, les services sociaux, etc. Voilà le volet dit « social » de son programme !

Côté dépenses nouvelles, rien de social non plus. Hollande les chiffre à 20 milliards, qui continueront à abreuver les entreprises de subventions. Les aides publiques et les allégements fiscaux vont être réorientés vers les entreprises « très exposées à la concurrence internationale », ce qui permet d'arroser large. Il parle également d'« aider les grandes entreprises à relocaliser leurs usines », mais pas de les obliger à maintenir les emplois. Exonération des cotisations sociales encore pour les entreprises qui embaucheront des jeunes en CDI ou garderont des seniors. Et dans l'espoir de glaner des voix parmi l'électorat traditionnel de la droite, il fait aussi des cadeaux aux PME, abaissant leur taux d'imposition de 33 % à 30 %, et même à 15 % pour les très petites entreprises. Quelle différence avec la politique menée par la droite depuis des années ?

Pour l'électorat de gauche qui veut malgré tout croire en lui, Hollande annonce quelques mesures symboliques, dont les promesses habituelles et non tenues sur la construction de logements, y ajoutant l'encadrement des loyers dans les zones où les prix sont « excessifs ». Il promet le droit de vote des immigrés aux élections locales, mais il annonce en même temps qu'il va mener une « lutte implacable » contre l'immigration illégale et que les régularisations de sans-papiers se feront au cas par cas, poursuivant ainsi la politique de Guéant.

Quant au reste, ce sont pour la plupart des promesses creuses, pour donner à ce programme une mince couche de vernis rose pâle, sur la justice, le mariage des homosexuels, l'égalité salariale entre les hommes et les femmes, le droit à la santé et à l'éducation, la défense de la culture et de la laïcité. Le programme de François Hollande n'est qu'un écran de fumée qui n'arrive même pas à masquer qu'il va continuer à faire payer la crise du système aux travailleurs.

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