Côte d'Ivoire : La Françafrique toujours vivante01/02/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/02/une2270.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Côte d'Ivoire : La Françafrique toujours vivante

Alassane Ouattara, imposé en avril 2011 à la présidence de la Côte d'Ivoire par l'intervention de l'armée française, était en visite officielle à Paris du 25 au 27 janvier. Ministres l'accueillant sur le tarmac, convoi d'hélicoptères, rues pavoisées de drapeaux ivoiriens, chevaux et musique de la garde républicaine, grand dîner à l'Élysée : la République avait fait les choses en grand pour fêter un de ses fidèles serviteurs.

Toutes les étapes de la visite soulignaient cette dépendance économique et militaire. La Côte d'Ivoire peut bien parfois passer des marchés à des entreprises américaines ou coréennes, ou bien encore recevoir des ministres chinois, la dépendance à l'égard de l'impérialisme français n'en demeure pas moins. Même s'il affirme avoir avec la France une relation « décomplexée », le président ivoirien venait d'abord dire merci pour la protection de l'armée française et solliciter les investissements des groupes capitalistes français.

Parmi les propos hypocrites et mensongers qui ont été échangés, il faut relever ceux de Sarkozy affirmant : « L'armée française n'a pas vocation à s'ingérer, ni de près ni de loin, dans les affaires de la Côte d'Ivoire. » Sauf quand les représentants de l'impérialisme français en décident autrement, comme ce fut le cas récemment, aurait dû ajouter Sarkozy. Ouattara le comprend fort bien, lui qui doit son pouvoir aux chars et aux hélicoptères français.

Reconnaissant devant la puissance tutélaire, il vient de déclarer au journal Le Monde : « La France doit rester dans notre pays plus longtemps et de manière plus substantielle. »

Dans le domaine économique aussi, Ouattara se présente en fidèle vassal. Les groupes français de l'agro-alimentaire (café, cacao, coton, tabac), Bolloré pour le chemin de fer et les installations portuaires, Bouygues pour le bâtiment et les travaux publics, Accor pour l'hôtellerie, Total, Orange et EDF n'ont jamais quitté la Côte d'Ivoire, pas plus que les grandes banques auxquelles ces groupes sont liés. Même au plus fort de la guerre civile, ils ont assuré leurs profits, représentant plus de 30 % du PIB ivoirien, et la moitié des recettes fiscales. Et Ouattara, en souhaiterait plus. Il a incité 400 patrons français « à accélérer leur retour en Côte d'Ivoire et à y investir massivement », dès lors que la paix serait revenue dans le pays, que le processus démocratique serait irréversible. Ce bilan idyllique est bien sûr contesté, non seulement par les partisans de l'ancien président Gbagbo évincé par Ouattara, mais surtout par tous ceux qui ont à se plaindre de l'armée ivoirienne ou des différentes milices qui rançonnent la population, répriment les grèves et vivent sur l'habitant comme en pays conquis. Ouattara est sans doute prêt à se réconcilier avec les politiciens et les militaires pro-Gbagbo, comme l'y incitent les gouvernants français. Mais là s'arrête ce qu'il appelle la démocratie. Pour le reste, il entend bien assurer la continuation de l'exploitation, au profit des couches aisées ivoiriennes et des représentants économiques de l'impérialisme.

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