Dans les entreprises

Plus de chômeurs, moins de personnel Pôle emploi au bord de l'explosion

D'après la direction de Pôle emploi, chaque conseiller suivrait en moyenne environ 115 demandeurs d'emploi, très loin de l'objectif de 60 personnes que le gouvernement avait fixé lors de la fusion Assedic-ANPE en décembre 2008.

Mais ce chiffre officiel est encore mensonger. D'après une enquête du Parisien, la moyenne serait en fait de 200 chômeurs traités par agent, avec des pointes démentielles. Par exemple à Garges-lès-Gonesse, dans le Val-d'Oise, un conseiller serait censé suivre 516 personnes par mois. À Yerres, dans l'Essonne, un conseiller aurait dans son « portefeuille » 655 chômeurs à suivre.

Autant dire que le SMP, le suivi mensuel personnalisé qui régit l'activité théorique des agents de Pôle emploi, est depuis longtemps une fiction. Nombre de chômeurs témoignent qu'ils n'ont pas rencontré un de ces agents depuis des mois. Des convocations sont annulées au dernier moment. Et du côté du personnel on confirme. La direction fixe des objectifs complètement irréalistes.

La hausse du chômage, avec l'arrivée d'un million de chômeurs supplémentaires depuis la création de Pôle emploi, a encore surchargé les conseillers, d'autant que leur nombre a fortement diminué : 1 500 postes ont été supprimés en trois ans. Quand la direction se voit contrainte d'embaucher, c'est en CDD : aujourd'hui, 15 % des effectifs sont en contrats précaires.

Fin décembre, le nouveau directeur de Pôle emploi a décidé d'abandonner la fiction du suivi mensuel personnalisé. Il avoue demander « de mettre l'accent sur les personnes qui ont le plus besoin d'être accompagnées ». Autrement dit, il préconise de laisser tomber les autres.

En fait de suivi des chômeurs, Pôle emploi a été transformé en machine à faire des statistiques et à radier des chômeurs, et ses conseillers en organisateurs de files d'attente.

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