Dans les entreprises

Nouvelle convention collective de l'aide à domicile : Un mini progrès pour un gros recul social

Au 1er janvier 2012 une nouvelle convention collective est entrée en application. Cette convention collective dite « unique » (CCU) remplace les différentes conventions qui s'appliquaient auparavant respectivement aux aides à domicile, aux TISF (travailleurs d'intervention sociale et familiale) et aux salariés de l'ADMR ((aide à domicile en milieu rural). Elle concerne 220 000 salariés.

Les signataires sont le syndicat des employeurs de la branche et les syndicats CFDT et UNSA, les autres syndicats, dont la CGT, ayant refusé de signer. Il s'agit d'un « texte de progrès social qui va permettre à l'ensemble des salariés d'accéder à de nouveaux droits, à un dispositif de professionnalisation renforcé et à une meilleure conciliation entre vie professionnelle et vie privée ».

Les signataires se félicitent notamment de la mise en place d'une complémentaire santé obligatoire, avec participation de l'employeur. Pour les travailleurs qui, vu leurs revenus, n'avaient pas les moyens de se payer une complémentaire, et donc d'accéder aux soins élémentaires (optique, dentaire...), il y a sans doute un progrès. Mais cette avancée ne se mesure que parce que les déremboursements successifs de la Sécurité sociale et surtout le faible niveau des rémunérations ont effectivement fait beaucoup reculer l'accès aux soins.

Sur la forme, on peut aussi dénoncer le fait que, dans certaines associations, les bulletins d'adhésion à cette mutuelle obligatoire ont été envoyés sous forme d'ultimatum.

Mais c'est sur tout le reste, les conditions de travail et les rémunérations, que, loin du progrès annoncé, on peut véritablement parler de recul social : augmentation de l'amplitude journalière, morcellement du temps de travail, augmentation du nombre de dimanches travaillés et même mise en place d'équipes de week-end, travail de nuit sans réelle compensation, visite médicale tous les deux ans seulement, suppression du congé pour déménagement, suppression d'un jour de congé pour décès d'un grand-parent ou d'un frère ou d'une soeur...

Quant au problème important des frais de déplacement, la nouvelle CCU refuse toujours de considérer que les temps de déplacement et les frais d'essence et d'usage du véhicule personnel sont inhérents aux contraintes de la profession. La règle sera donc toujours de ne pas rembourser ces frais. Quant aux trajets qui étaient jusque-là remboursés intégralement (c'était le cas à l'ADMR) ils ne le seront plus qu'à 60 %.

C'est vraiment sur leur capacité à défendre collectivement leurs intérêts que les 220 000 salariés de l'aide à domicile devront compter.

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