Italie : Les difficultés de Berlusconi... et celles des classes populaires21/09/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/09/une2251.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Italie : Les difficultés de Berlusconi... et celles des classes populaires

Après la Grèce, le Portugal, l'Espagne, c'est l'Italie qui est la dernière cible de la spéculation, notamment après que l'agence de notation Standard and Poor's a annoncé qu'elle abaissait la note du pays, l'assortissant d'une perspective négative signifiant qu'elle pourrait l'abaisser encore.

Et pourtant le gouvernement Berlusconi vient à peine de faire adopter par le Parlement un plan d'austérité de 55 milliards d'euros, s'ajoutant à un autre de même montant adopté en juillet. Pour garantir aux créanciers nationaux et internationaux que les emprunts seront payés rubis sur l'ongle, les dirigeants italiens n'ont pas lésiné sur les sacrifices imposés aux travailleurs et aux couches populaires.

Mais il faut croire que cela ne suffit pas aux « marchés », autrement dit aux capitalistes avides d'encaisser les profits de la spéculation sur les dettes souveraines des États. Après avoir exercé une pression pour faire adopter des plans d'austérité garantissant que tout l'argent des États leur sera consacré, ils s'inquiètent... des conséquences de ces plans. En effet, du fait de cette cure de rigueur et de l'appauvrissement qu'elle entraînera pour la majorité de la population, la croissance économique sera moins que jamais au rendez-vous pour l'Italie, avec des prévisions à peine supérieures à 0 %. De quoi faire redoubler la spéculation sur les difficultés de l'État italien à rembourser sa dette.

De plus en plus, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du pays, c'est le président du Conseil Berlusconi qui est montré du doigt comme désormais incapable de rétablir la confiance. À part les scandales répétés liés au personnage, il est vrai que son gouvernement, en place depuis 2008, se résume à une longue série d'attaques contre les classes populaires, contre les droits des travailleurs, à une croissance des inégalités, de la richesse et de l'affairisme le plus éhonté d'un côté, du chômage et de la pauvreté de l'autre. Mais ce n'est évidemment pas cela qui lui est reproché. Ainsi la présidente de la Confindustria, équivalent italien du Medef, déclare maintenant que ce gouvernement doit s'en aller puisqu'il n'est pas capable de prendre les mesures efficaces pour faire repartir la croissance.

Ce que souhaiteraient la Confindustria et le patronat italien, ce sont des mesures et des financements en leur faveur, des « réformes » telles que l'allégement des taxes et des charges sociales ou une nouvelle augmentation de l'âge de la retraite, qui vient pourtant déjà d'être décidée pour les femmes dans le cadre du plan d'austérité. Le patronat, en Italie comme ailleurs, en veut toujours plus et avertit que c'est ce qu'il exigera du successeur de Berlusconi. Mais le pire est que les partis d'opposition et les dirigeants syndicaux entonnent le même registre.

Ainsi le dirigeant du Parti Démocrate Bersani, c'est-à-dire du principal parti de gauche, déclare chaque jour que le plan d'austérité est injuste, mais surtout inefficace parce qu'il n'apporte pas la croissance, et que l'Italie paye désormais une surtaxe aux marchés du fait de la survie du gouvernement Berlusconi. La dirigeante de la CGIL Camusso fait de même, après avoir signé avec la Confindustria un accord préparant le terrain aux mesures antiouvrières de Berlusconi. On cherche en vain dans leurs déclarations, à part les commentaires généraux sur « l'injustice » des mesures, ce qu'ils proposent aux masses populaires, aux travailleurs, durement frappés par la crise.

Le gouvernement Berlusconi finira peut-être par tomber, mais ceux qui se préparent à le remplacer montrent déjà qu'ils chercheront avant tout à satisfaire les « marchés » et la Confindustria, autrement dit les capitalistes de tout poil. Pour les travailleurs, pour les classes populaires, il est urgent d'avoir leur propre politique, de mettre en avant leurs propres intérêts, ce qui signifie en premier lieu refuser de payer un sou pour la crise de ce système.

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