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Tunisie : Un mort parmi les manifestants de Sidi Bouzid - Un pouvoir qui n'a changé qu'en façade

Les manifestations commencées vendredi 15 juillet au cour de Tunis se sont étendues les jours suivants à différentes villes du pays. Un manifestant de 14 ans est mort sous les balles de la police à Sidi Bouzid, la ville même des premiers affrontements de décembre dernier, suite au suicide par le feu du jeune chômeur Mohammed Bouazizi dont la marchandise avait été saisie par les autorités.

Le fait est que depuis les premières manifestations où l'on avait vu des participants brandir un pain pour exprimer leur révolte contre la situation sociale du pays, rien n'a vraiment changé du côté du pouvoir.

Après les récents affrontements, le Premier ministre Beji Caïd Essebi n'a pas mis en cause la police, préférant voir la main d'un « groupuscule de malfaiteurs qui veulent semer la terreur, effrayer la population et renverser le régime ». Pourtant, il n'est pas besoin de rechercher un quelconque complot pour comprendre l'origine de ces nouvelles manifestations. Tout comme en Égypte par exemple, où les difficultés du plus grand nombre côtoient l'opulence d'une petite minorité. Le Premier ministre a d'ailleurs reconnu que « des sit-in et des grèves ont été observés dans les domaines du phosphate, des ports, de l'électricité et de l'énergie ». Mais il n'est visiblement pas question pour lui de laisser toucher aux intérêts des grandes sociétés.

L'armée tunisienne a agi en janvier dernier pour accélérer le départ de Ben Ali, non par amour de la démocratie mais pour sauvegarder les intérêts des possédants, qui vont bien au-delà de ceux du clan mafieux de Ben Ali, dont il est d'ailleurs question de redistribuer les biens, actuellement placés sous séquestre, à différentes sociétés privées. Les travailleurs et la population, qui ne voient venir aucune amélioration de leur sort, se heurtent aux mêmes forces de répression que sous Ben Ali, qui agissent sous les ordres d'un gouvernement qui n'a pas même complètement changé de visage malgré plusieurs remaniements. Ainsi, le ministre de l'Intérieur, Habib Essid, installé en mars 2011 à la demande du Premier ministre, avait été chef de cabinet du ministre de l'Intérieur sous Ben Ali.

Les promesses de démocratisation, d'élections, de nouvelle Constitution, ne sont que des mots. Les masses pauvres qui se sont mobilisées contre Ben Ali attendent toujours un changement concret de leur sort. Elles devront se donner les moyens de l'imposer contre tous les possédants, qu'ils soient tunisiens ou français, et contre les gouvernants qui voudraient perpétuer leur domination en changeant simplement d'étiquette.

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