Des travailleurs bien décidés à se faire entendre22/06/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/06/une-2238.gif.445x577_q85_box-0%2C19%2C233%2C321_crop_detail.png

Journée nationale de grève des centres d'appel

Des travailleurs bien décidés à se faire entendre

Lundi 20 juin, à l'appel des syndicats CGT, CFDT, FO, SUD et CFTC, les employés des centres d'appel sont entrés en lutte dans tout le pays pour leurs salaires et leurs conditions de travail.

La plupart des plates-formes d'appel payent leurs salariés au smic et cela « que quelqu'un ait deux mois ou cinq ans d'ancienneté », comme le dénonçaient des grévistes. La majorité sont embauchés en CDD et 80 % des employés sont payés au smic, sans évolution de carrière, avec de moins en moins de primes, tandis qu'on exige d'eux d'être de plus en plus compétitifs.

Malgré les pressions de la hiérarchie, le mouvement a été remarqué dans de nombreuses villes du pays, où les travailleurs en colère ont tout fait pour se faire entendre : pétards, sifflets, drapeaux et musique.

Un employé de centre d'appel gagne 1 367 euros brut par mois et le patronat du secteur entend en rester là. Des grévistes de la région de Caen expliquaient à la presse : « Je gagne 1 080 euros par mois et cela peut monter jusqu'à 1 180 euros avec les primes. À chaque fin de mois je suis à découvert et, une fois l'essence payée, un des plus gros postes de mon budget, il me reste 400 euros pour finir le mois et payer le crédit de la maison. » D'où la revendication mise en avant par la CGT d'un salaire minimum de 1 600 euros brut par mois et d'une augmentation de 200 euros pour tous les salariés.

La grève entendait faire pression sur les patrons afin que des négociations s'ouvrent et pour montrer aux donneurs d'ordre, les entreprises qui utilisent les centres d'appel comme par exemple SFR, GDF ou Canal Plus, qu'ils doivent cesser de tirer les prix vers le bas. Les conditions de travail dans les centres d'appel sont telles que les arrêts maladie y dépassent couramment 20 %.

Au téléphone huit heures par jour, les yeux rivés sur un écran d'ordinateur, avec au bout du fil des gens pas ravis d'être appelés ou mécontents du service de leur opérateur de téléphonie mobile, d'Internet ou autre, le salarié de centre d'appel doit aussi subir un encadrement très exigeant. « Pour satisfaire ses clients, l'entreprise nous demande d'être de plus en plus flexibles. On peut commencer à travailler un jour à 7 h et le lendemain à 14 h. C'est destructeur pour la vie de famille et pour la santé », dénonçait une gréviste.

Derrière ce mouvement de colère, il y a le constat des employés du secteur que, si l'année 2010 a été synonyme de retour de la croissance, pour ceux qui y travaillent l'austérité est toujours à l'ordre du jour. Les entreprises du secteur (Téléperformance, Acticall, Armatis, B2S, etc.) refusent d'augmenter la partie fixe du salaire. En revanche, elles sont prêtes à discuter de diverses primes pour accroître la part variable de la rémunération. Cette politique, qui garantit les dividendes versés aux actionnaires, précarise les salariés.

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