Extraits des allocutions de Nathalie Arthaud : Dimanche 12 juin15/06/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/06/une2237.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Divers

Extraits des allocutions de Nathalie Arthaud : Dimanche 12 juin

(...) Nous appartenons à la même classe sociale des exploités, et nous en sommes fiers. Nous en sommes fiers parce que c'est cette classe qui fait vivre la société, qui permet aux usines de produire, aux trains de rouler, aux malades d'être soignés, aux jeunes d'être formés, et même à l'administration de l'État de fonctionner.

Toute la vie sociale repose sur notre classe sociale et nous avons la conviction, en tant que communistes révolutionnaires, que c'est cette classe sociale qui a la force et la capacité de mettre fin à cette économie capitaliste dont toutes les tares apparaissent de façon particulièrement crue en cette période de crise. (...)

Le chômage est certainement le fléau le plus grave. Il pèse avant tout sur ceux qui ont perdu leur emploi et sur leurs familles. Mais il pèse aussi sur l'ensemble des travailleurs. Le plan secret de fermeture des sites de l'usine Peugeot-Citroën à Aulnay-sous-Bois, de Sevelnord à Hordain et de l'usine PSA de Madrid que vient de dévoiler la CGT montre comment on fabrique le chômage. (...)

L'autre fléau est la dégradation du pouvoir d'achat. Il y a quelques années encore, la pauvreté frappait surtout les chômeurs, les retraités ou ceux qui, handicapés, étaient contraints de survivre avec des allocations. Eh bien, aujourd'hui, avoir un emploi ne nous en protège pas.

Et voilà qu'en plus le gouvernement nous dit qu'il faut rembourser la dette ! Le déficit du budget et la dette deviennent la justification de toutes les attaques contre les exploités.

Il faut réduire le nombre d'enseignants, fermer des classes et des écoles, parce qu'on est endetté. Il faut moins rembourser les médicaments et réduire le personnel hospitalier, parce qu'on est endetté. Il faut reporter l'âge de la retraite, parce qu'on est endetté.

Pour rembourser la dette, ils sont même prêts à prendre dans la poche des travailleurs malades et handicapés, dans la poche des chômeurs, des allocataires du RSA, des plus pauvres, et en plus ils ont le culot de les traiter d'assistés.

Mais les assistés, ce sont les banquiers, les patrons des grands groupes capitalistes ! Et cette assistance-là ne coûte pas à l'État quelques centaines d'euros par assisté, mais des centaines de millions, des milliards. Les banquiers n'ont été sauvés de la faillite il y a deux ans, lors de la crise bancaire, que parce les États ont vidé leurs caisses pour leur venir en aide et qu'ils se sont endettés jusqu'au cou !

Ce sont encore les États qui ont aidé à coups de milliards les patrons des grandes entreprises. (...)

Il ne faut pas chercher plus loin l'argent qui manque dans les caisses de l'État ! Ce sont les capitalistes industriels et financiers qui ont endetté le pays pour des générations. Eh bien ce sont eux qui sont redevables, c'est à eux et à eux seuls de payer !

L'ÉTAT ET LES GOUVERNANTS A LA BOTTE DES CAPITALISTES

Sarkozy n'a pas volé la haine qu'il suscite dans les classes populaires. Son gouvernement est le plus réactionnaire que le pays ait connu depuis longtemps. Réactionnaire, il l'est socialement parce qu'il est au service des plus riches et fier de l'être. Mais il est aussi réactionnaire sur le plan politique. Quand on entend Guéant et ses propos de caniveau contre les immigrés, Wauquiez et ses insultes envers les chômeurs et les plus pauvres, bien malin est celui qui peut dire où passe la limite entre les troupes du Front national et celles de l'UMP. (...)

Pour les grands bourgeois, Sarkozy et les autres responsables politiques font partie de leur petit personnel et, à l'occasion, ils ont droit aux pourboires. Car ce sont eux les vrais maîtres de la société et de la politique, ce sont les Peugeot, les Bouygues, les Arnault, les Michelin, les Bolloré. Les capitalistes, de par leur fortune et de par le pouvoir économique qu'ils représentent, ont l'appareil d'État, les rouages de l'administration et le gouvernement à leur botte. (...)

Mais qui les a élus ? Qui même les connaît ? Il n'y pas d'élections pour choisir ces gens-là !

On nous incite à aller voter, on nous répète que la population est souveraine, que c'est elle qui décide, mais on ne vote que pour les sous-fifres ! Qu'on vote donc pour ceux qui dirigent les grandes entreprises ! Qu'on vote pour ceux qui dirigent les grandes banques et les institutions financières ! Qu'on élise tous les hauts fonctionnaires aujourd'hui inamovibles, qui assurent la continuité politique pendant que les ministres se succèdent ! (...)

L'ALTERNANCE GAUCHE-DROITE N'EST QU'UNE DUPERIE

Au moment le plus aigu de la crise financière, les dirigeants politiques eux-mêmes ont reconnu la responsabilité des banquiers. Mais lequel d'entre eux a seulement envisagé qu'on fasse payer aux banquiers les dégâts qu'ils ont causés ? Et aujourd'hui que les banques ont renoué avec des profits historiques, 8 milliards pour la BNP Paribas, 5 milliards pour la Société générale, qui le propose ?

Ce n'est évidemment pas la politique de la droite ou de l'extrême droite, mais ce n'est pas non plus la politique du Parti socialiste. Que le PS, par la voix de Martine Aubry, soutienne la candidature de Christine Lagarde au FMI l'illustre parfaitement. Un jour Sarkozy propose Dominique Strauss-Kahn au FMI, le lendemain Aubry appuie la candidate de Sarkozy. S'il est difficile de dire qui, de DSK ou de Lagarde, incarne le mieux les milieux d'affaires, il est plus difficile encore de faire la différence entre la politique présentée par le Parti socialiste et celle que la droite mène aujourd'hui ! (...)

Ni Hollande, ni Aubry, ni Royal, ni même Montebourg, qui se targue d'être l'aile gauche du PS, ne s'engage s'il est élu à augmenter les salaires. Les actionnaires du CAC 40 vont encaisser cette année 40 milliards de bénéfices, mais il n'y en a pas un dans le Parti socialiste pour dire que, oui, on peut augmenter les salaires. Quant à imaginer que, revenus au pouvoir, ils empêcheront le patronat de licencier et de fermer des entreprises, ou qu'ils le forceront à embaucher des jeunes, c'est du domaine du rêve ! (...)

Le gouvernement Sarkozy-Fillon a beaucoup détruit, dans l'éducation, dans la santé comme dans les autres services publics. Au cours de son mandat, 200 000 à 400 000 postes auront été supprimés dans la fonction publique. Eh bien, dans son programme, le Parti socialiste ne prévoit pas de les rétablir ! Aujourd'hui, dans l'opposition, le Parti socialiste ne s'engage même pas à reconstruire ce que Sarkozy a démoli. Alors qu'est-ce que ce sera au pouvoir !

On nous balade d'élections en élections en faisant croire qu'on peut changer notre sort en changeant le bulletin que l'on met dans l'urne. Mais combien de travailleurs ont placé leurs espoirs dans Mitterrand, qui promettait de changer la vie ? Et combien parmi eux se sont ensuite sentis abandonnés, trahis par ce gouvernement qui a fini par bloquer les salaires, licencier à tour de bras dans la sidérurgie et plébisciter la Bourse ? Combien se sont ensuite raccrochés à la Gauche plurielle de Jospin, en se disant que ce serait moins pire que la droite, et ont été une fois de plus déçus ?

Alors, les travailleurs et les plus pauvres ont appris, à leurs dépens, que l'arrivée de la gauche au pouvoir ne changeait rien pour eux et que l'alternance gauche-droite n'est qu'une duperie. Certains, et ils sont nombreux, se disent que cela ne sert plus à rien d'aller voter. Mais, parmi les plus amers et les plus désorientés, il y a aussi ceux qui sont tentés par le FN.

LA POLITIQUE DE LE PEN, C'EST LA POLITIQUE DE SARKOZY EN PIRE

« On les a tous essayés, sauf elle », disent-ils. Mais ils se trompent, parce qu'avec Sarkozy au pouvoir, on l'a eue la politique de la droite extrême. Marine Le Pen n'est pas au gouvernement, mais une partie de sa politique y est !

La politique de Le Pen, c'est la politique de Sarkozy en pire. Comme Sarkozy, Marine Le Pen est une défenseure des riches, de la propriété, une défenseure de la société telle qu'elle est, avec l'exploitation capitaliste, avec ses inégalités et ses injustices. (...)

À droite comme à gauche, ils vont tous sur le terrain du FN et ils contribuent à populariser des idées réactionnaires. Entre Le Pen, qui met tous les problèmes de la société sur le dos des immigrés, et les socialistes, qui parlent de réguler l'immigration, il y a des nuances. Mais tous sont d'accord pour prétendre que l'immigration pose un problème.

Non, l'immigration n'est pas un problème ! Les immigrés sont des travailleurs, ils sont utiles à la société. Ils produisent et créent des richesses. Ceux qui coûtent cher à la société et qui lui nuisent sont à chercher du côté de la bourgeoisie. Ce sont les parasites de toutes nationalités qui se contentent de vivre, et de bien vivre, aux crochets des exploités. Pour eux, parce qu'ils sont riches, il n'y a pas de frontière. Ils peuvent déplacer leurs capitaux comme ils veulent à la vitesse de la lumière. Eux-mêmes sont libres de circuler et de s'installer dans le pays de leur choix. Eh bien, nous, nous sommes pour que les travailleurs, pour que les plus pauvres soient libres eux aussi de circuler et vivre dans le pays de leur choix.

Les politiciens de gauche comme de droite se relaient pour clamer « qu'on ne peut pas accueillir toute la misère du monde ». Ils construisent des murs, mettent des barbelés aux frontières, et ils essayent de transformer la Méditerranée en mer infranchissable. Ils enferment les peuples dans la misère. Alors que la misère il faut la combattre, en combattant l'exploitation et ceux qui l'imposent aux quatre coins du monde. Si nous sommes communistes révolutionnaires, c'est pour changer la société de fond en comble et faire en sorte que le monde devienne vivable pour tous, où que l'on naisse sur cette planète !

Relever le drapeau du communisme révolutionnaire et défendre un programme pour les luttes de demain

Depuis plus d'un siècle, il y a toujours eu dans ce pays des femmes et des hommes qui ont milité non seulement au nom de la défense des travailleurs face au patronat, mais aussi pour la suppression d'une organisation sociale où tout le pouvoir appartient au grand capital. (...)

Pour ce qui est des luttes et de la combativité du monde du travail, il y a toujours eu des hauts et des bas. Et en ce moment il y a plus de bas que de hauts, mais cela ne change rien à notre conviction.

Comme les opprimés des sociétés qui nous ont précédés, les travailleurs sauront se débarrasser des chaînes de l'exploitation capitaliste. Et ils peuvent plus encore : ils peuvent construire une tout autre société, basée sur l'intérêt collectif. (...) Quand des luttes massives surviendront, il ne faudra pas que l'énergie des masses ouvrières soit gâchée. Les travailleurs se battront pour défendre leurs intérêts vitaux, mais ils devront aussi imposer des objectifs pour inverser durablement le rapport de forces entre la bourgeoisie et les travailleurs.

Ces objectifs, nous devons les populariser dès aujourd'hui. (...) Puisque la classe capitaliste est incapable de mettre fin au chômage, oui, il faut lui imposer par la puissance du mouvement des masses l'interdiction des licenciements et la répartition du travail entre tous sans diminution de salaire ! (...)

Face aux hausses de prix et à la chute du pouvoir d'achat qu'elles entraînent, il faut imposer l'indexation des salaires et des pensions sur les hausses de prix, c'est-à-dire l'échelle mobile des salaires et des pensions.

Face aux exigences des banques de rembourser la dette avec les intérêts, il faut imposer l'expropriation des banquiers, l'unification de toutes les banques en une seule, mise sous le contrôle de la population.

Et, par-dessus tout, pour empêcher que les patrons puissent préparer, parfois des années à l'avance, leurs mauvais coups contre les travailleurs, il faut lever le secret industriel et le secret bancaire et donner aux travailleurs, à la population, les moyens légaux de contrôler ce qui se passe dans les entreprises, (...).

La classe capitaliste est une classe irresponsable, dangereuse pour toute la société. Le seul moyen de l'empêcher de nuire, c'est de soumettre sa gestion au contrôle de la population.

C'est l'intérêt des salariés, mais c'est aussi l'intérêt de bien d'autres catégories populaires. La fermeture d'une usine dans une ville ou dans une région n'est pas seulement un drame pour ceux qui y travaillent, mais aussi pour tous les petits commerçants et artisans qui en vivent. (...) Plutôt que d'espérer un changement en 2012, les travailleurs doivent se préparer à se défendre. Ils n'ont pas besoin de promesses, ni de sauveur suprême. Ce qui comptera pour l'avenir, c'est qu'ils aient un programme de luttes.

Ce programme, nous le défendons quotidiennement autour de nous et nous participerons à l'élection présidentielle, comme aux élections législatives qui suivent, pour le faire plus largement. Nous ne nous présentons pas pour gagner des postes ou des sinécures, mais pour profiter de l'occasion offerte d'armer politiquement la classe ouvrière.

C'est pour pouvoir le faire que nous nous refusons à des combinaisons électorales avec des formations ou des individus qui rejettent, sous une forme ou sous une autre, le communisme.

C'est pour cette même raison que nous refusons toute forme de chantage venant de ceux, à gauche, qui voudraient nous faire taire au nom de l'unité. Car nous faire taire, c'est faire taire la voix du communisme révolutionnaire. (...)

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