Dans les entreprises

Continental - Toulouse, Foix, Boussens : La direction recule... et provoque

La direction de Continental Automotive France avait regroupé dans le même paquet-cadeau les augmentations programmées pour les négociations annuelles obligatoires... et les mesures d'augmentation du temps de travail prévues dans son plan Pépé (Pérennité - Productivité), plan déjà rejeté par les salariés et les syndicats.

Des assemblées du personnel sur les trois usines de Midi-Pyrénées avaient confirmé ce rejet jeudi 14 avril : celle de l'usine de Foix avait voté le principe d'un débrayage lors de la prochaine réunion de négociation, tandis que celles de Toulouse et de Boussens avaient décidé d'une nouvelle assemblée générale jeudi 21 avril.

La direction a donc fixé la réunion de négociation... le jour précédant les assemblées de Toulouse et Boussens, et en ne prévenant les syndicats que l'avant-veille, pensant ainsi éviter le débrayage sur les trois usines. Mal lui en a pris : à l'heure dite, l'usine de Foix a débrayé comme prévu, entraînant une grosse pagaille dans la préparation des livraisons en cours. À la négociation, le DRH s'est énervé : « On ne négocie pas sous la pression ! », a-t-il martelé. Son chantage à lui, bien sûr, ne représentait aucune pression...

Au bout d'une heure et demie, il a fini par annoncer que la direction acceptait de séparer la négociation sur les salaires du plan Pépé... si les syndicats s'engageaient à ne pas faire grève, chantage qu'il a assez vite retiré ! Mais comme salariés et syndicats majoritaires refusaient le paquet-cadeau, eh bien les augmentations prévues seraient moindres : 2,4 % au lieu de 3, et 48 euros de talon au lieu de 60. Comme l'a dit un délégué, à peine une talonnette !

Le lendemain à l'AG de Toulouse, il y avait autant de monde que la semaine d'avant (entre 600 et 700 salariés), et les grévistes de Foix dont le débrayage avait fait reculer la direction ont été chaleureusement applaudis. Quant à la mesquinerie de la direction, elle a été bien enregistrée, et les salariés ont estimé que cela ne faisait pas le compte.

À Boussens, où se tenait aussi une assemblée, quelques oui-ouistes excités (des cadres et des « indépendants » qui approuvent toutes les manoeuvres du patron), flanqués du directeur de l'usine, sont venus perturber la réunion en vociférant et en bousculant les délégués. L'opération avait déjà été tentée en octobre à Toulouse, en vain. Les syndicats majoritaires ont décidé de tenir une nouvelle assemblée mardi 26, pour dénoncer ces agissements de nervis : devant cette assemblée plus nombreuse et le renfort de délégués des syndicats majoritaires venus de Toulouse, les oui-ouistes n'ont pas osé renouveler leur manoeuvre d'intimidation et se sont fait rabrouer.

Vendredi soir 22 avril, veille du week-end de Pâques, en fin de journée, la direction envoyait un mail à tout le personnel : le paquet-cadeau n'avait pas disparu, bien au contraire, il fallait décider entre les 3 % et le talon à 60 euros avec Pépé, ou les 2,4 % et le talon à 50 euros sans Pépé !

La direction chercherait à mettre les travailleurs en colère qu'elle ne s'y prendrait pas autrement. Et si elle compte sur les congés de Pâques ou les pressions physiques pour démobiliser les travailleurs, elle se trompe lourdement.

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