Leur société

Le programme économique du FN :

Marine Le Pen à la recherche de la respectabilité économique

Vendredi 8 avril, Marine Le Pen a présenté le programme économique du FN dans une conférence de presse mettant en scène des « conseillers économiques » censés donner de la crédibilité à son propos - conseillers dont certains ont préféré garder l'anonymat.

Parmi les mesures proposées, il y a tout l'arsenal dans lequel l'extrême droite puise depuis des années : la sortie de l'euro et le retour au franc assortis d'une « dévaluation compétitive », la mise en place de tarifs douaniers et de quotas limitant les importations, la fin des délocalisations et la « ré-industrialisation » de la France. Le tout agrémenté d'expressions comme « sortir de la mondialisation », « lutter contre la concurrence déloyale », assorties surtout de la référence à la préférence nationale, la lutte contre l'immigration, etc.

Marine Le Pen continue en outre ses tentatives de séduction en direction des travailleurs. Elle parle notamment de rétablir l'indexation des salaires sur les prix, de revenir à la retraite à 40 annuités au lieu des 41 ans prévus en 2012, elle ne « remet pas en cause » les 35 heures, contrairement à ce que disait le FN il y a encore quelques semaines. Elle dit aussi vouloir supprimer toutes les niches fiscales, mettre en place des impôts basés sur la progressivité, rétablir un impôt sur les sociétés « plus juste ». Elle propose enfin de taxer les « superprofits pétroliers ».

Le FN reprend donc à son compte des propositions qui étaient à l'origine celles d'une partie de la gauche. Depuis la taxe Tobin jusqu'aux discours de Sarkozy, on peut dire par exemple que taxer les profits, notamment financiers, est devenu un lieu commun de la classe politique, de l'UMP au PS.

Le programme économique du FN est un vaste fourre-tout, emprunté à gauche, mais surtout à droite, dans un parfait numéro de démagogie dont tout l'art consiste à reprendre au vol ce que chacun a envie d'entendre. L'important, c'est ce que Marine Le Pen ne dit pas. Elle sait très bien en réalité, comme tous les politiciens, que les décisions essentielles en matière économique sont toutes prises par les banquiers, les industriels, en résumé par le CAC 40. Les hommes et les partis politiques qui se succèdent au pouvoir ne font que les mettre en ouvre.

Mais on ne peut pas prétendre lutter contre le chômage et la misère, encore moins contre la crise et la spéculation, sans dénoncer l'exploitation et prendre sur les profits. Et surtout sans qu'existe un rapport de force qui contraigne les capitalistes à céder. Un tel rapport de force n'existera que si la classe ouvrière arrive à se mobiliser massivement, comme à l'automne 2010, ou mieux, en 1968 ou en juin 1936. Une telle mobilisation, le FN la craint comme le feu.

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