Leur société

Le PCF et Mélenchon : Un bien douteux sauveur suprême

Le 9 avril, le conseil national du PCF a confirmé, par 87 voix contre 30 et 9 abstentions, un texte validant l'alliance avec le Parti de Gauche de Mélenchon au sein du Front de Gauche, le choix du candidat à la présidentielle étant renvoyé à une conférence nationale et à un vote des militants en juin. Mais Pierre Laurent, secrétaire national du PCF, a d'ores et déjà mis son poids dans la balance en faveur de la candidature de Mélenchon.

Quelles seraient les différences entre le programme politique de Mélenchon et celui d'André Chassaigne, notable du PCF élu député du Puy-de-Dôme et qui s'était porté candidat à l'investiture du Front de Gauche pour le représenter à la présidentielle, encore présenté comme l'autre choix possible ? Pour toute réponse aux militants qui s'interrogent, Chassaigne lui-même, loin de marquer sa différence, s'est contenté de déclarer par avance qu'il soutiendra « bien évidemment » Mélenchon s'il est choisi par la conférence nationale, sans ressentir « ni aigreur, ni frustration ».

Le PCF montre ainsi le peu d'importance qu'il attache à ses idées, l'essentiel étant de tenter de sauver ses actuels 17 sièges de députés, dont 5 apparentés.

La seule discussion annoncée avec le Parti de Gauche concerne la répartition des candidats pour aboutir à un accord « gagnant-gagnant ». Le PCF demande à choisir 80 % des candidats qui seront étiquetés Front de Gauche aux élections législatives qui suivront de près la présidentielle de 2012 ; le Parti de Gauche, qui ne compte actuellement que trois députés, en réclame 30 % pour lui-même et 20 % pour des sans-parti, n'en proposant que la moitié au PCF.

Au lendemain de la déclaration du PCF qui a fortement laissé entendre qu'il penche en faveur de Mélenchon, celui-ci a choisi de faire profil bas, se déclarant « ému et gratifié ». Prudemment, pour ne pas dire de façon jésuite, il déclare respecter « ce temps de débat qui appartient aux communistes ».

Mais ce qui prévaut déjà, c'est que les dirigeants du PCF ont choisi d'être représentés à la présidentielle par l'ex-ministre du PS Mélenchon, dont on devine sans grand effort le plan de carrière : au moins redevenir ministre dans un gouvernement dirigé par le PS, si ce dernier l'emportait, soit à la présidentielle, soit aux législatives qui suivront.

Les rôles de chacun dans ce tandem sont connus à l'avance. Les militants du PCF fourniront les bras et les jambes pour coller les affiches et démarcher auprès les électeurs, tandis que la tête, ou pour mieux dire la jactance, reviendra à Mélenchon, comme on le voit déjà dans les médias.

Un accord vraiment « gagnant-gagnant », cela dépend bien sûr de la façon dont on fait les comptes ! Mais il n'est pas certain que les militants du PCF s'y retrouveront.

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