De la Libye à la Guinée : La mainmise du trust Bolloré sur les richesses de l'Afrique13/04/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/04/une-2228.gif.445x577_q85_box-0%2C10%2C169%2C230_crop_detail.png

Dans le monde

De la Libye à la Guinée : La mainmise du trust Bolloré sur les richesses de l'Afrique

Si le groupe Bolloré se vante d'avoir récemment récupéré la concession du port de Conakry en Guinée, il est en revanche plus discret sur le fait que, le 13 janvier, sa filiale Bolloré Africa Logistics signait pour la gestion du port de Misurata en Libye. Aujourd'hui, le groupe assure qu'il n'a eu aucun contact avec Kadhafi pour emporter ce marché, conclu sans passer par un appel d'offres.

C'est à voir car, depuis qu'il a choisi de développer son emprise sur le continent africain, il y a une vingtaine d'années, le groupe Bolloré s'est toujours appuyé sur ses liens personnels avec les dirigeants français, de droite comme de gauche, mais aussi avec les dirigeants locaux. Il a ainsi profité des privatisations imposées aux pays africains par le FMI pour obtenir en 1998 la concession de Sitarail, société ferroviaire exploitant l'axe Ouagadougou (Burkina Faso) - Abidjan (Côte d'Ivoire), puis la société ferroviaire camerounaise Camrail. On notera que le contrôle de cette dernière s'est traduit par le licenciement d'un tiers des 3 600 salariés, des fermetures de gares et de lignes jugées non rentables, une série de déraillements meurtriers, marquant le choix du groupe Bolloré pour le développement du trafic marchandises au détriment du trafic voyageurs.

Après les trains, il a étendu son contrôle sur les ports, notamment sur les terminaux de conteneurs, activité en expansion et très lucrative. Fort de ses relations avec Laurent Gbagbo, Vincent Bolloré a ainsi obtenu la concession du port d'Abidjan, puis celle du port de Douala grâce au président camerounais Paul Biya. À l'époque, en 2003, la Banque mondiale avait d'ailleurs émis un avis négatif, jugeant l'offre de Bolloré défavorable pour l'État camerounais.

Très présent en Afrique de l'Ouest, grâce à héritage du passé colonial de la France et des réseaux de la Françafrique, Bolloré s'est ensuite lancé à la conquête de l'Afrique anglophone. Il a mis ainsi la main sur les ports de Tema au Ghana, de Lagos au Nigeria, et de Freetown en Sierra Leone, sans que cela freine ses appétits en Afrique francophone. Et si le port autonome de Dakar au Sénégal lui a échappé, au profit de la société Dubaï Ports World, il n'y a que les mauvaises langues pour dire que le soutien financier du trust Bolloré à la campagne électorale du futur président Alpha Conté ne serait pas étranger à la récente attribution du port de Conakry dont il a bénéficié. Une position clé pour profiter de la mise en valeur des mines de bauxite, de fer, de diamant ou d'or de la Guinée.

La multinationale possède ainsi le plus important réseau de transit et de logistique maritime et terrestre du continent. Ce quasi-monopole sur la chaîne de transport permet au groupe Bolloré d'étendre son contrôle sur l'acheminement de nombreuses matières premières, comme le bois, le cacao, le coton, l'huile de palme, le caoutchouc ou le café, mais aussi de nombreux minerais, depuis le cour de l'Afrique. Au-delà du pillage des ressources du continent, il lui permet aussi d'asseoir son emprise sur bon nombre d'États africains avec la complicité des dirigeants locaux.

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