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Côte d'Ivoire : L'impérialisme français veut imposer ses choix

Mercredi 6 avril, Laurent Gbagbo assiégé à Abidjan négociait encore les conditions auxquelles il abandonnerait le pouvoir. Malgré l'offensive éclair des forces d'Alassane Ouattara, appuyées par les troupes françaises et de l'ONU, il voudrait rester en position de poser problème à son successeur.

C'est dans la soirée du 4 avril que les troupes françaises stationnées en Côte d'Ivoire sont intervenues conjointement avec celles de l'ONU contre les troupes de Gbagbo. Tandis qu'une partie de l'armée française prenait le contrôle de l'aéroport d'Abidjan, des hélicoptères et des chars bombardaient des camps militaires abritant des fidèles de Gbagbo, le palais présidentiel et la résidence du président sortant.

Dans les affrontements qui opposent Alassane Ouattara et Laurent Gbagbo, tous deux prétendant être sortis vainqueurs de l'élection présidentielle de novembre 2010, le gouvernement français a donc fait le choix de se ranger militairement aux côtés de Ouattara. Il revient ainsi sur le choix fait en 2002, lorsque les troupes françaises de l'opération Licorne étaient intervenues pour s'interposer entre les armées des rebelles du Nord et celles de Gbagbo, dans le but de bloquer l'avancée des premières et de sauver la mise des secondes. Il en était depuis résulté une partition de fait du pays, Gbagbo tenant le Sud, le Nord restant aux mains des Forces nouvelles et du clan Ouattara. Jusqu'à ce que récemment les troupes favorables à Ouattara reprennent l'offensive et parviennent aux portes d'Abidjan.

Le fait que l'ONU apporte une fois de plus sa caution à la politique du gouvernement français ne rend pas cette intervention militaire plus acceptable. Pas plus que le silence complice des partis de l'opposition à Sarkozy. Comme à chaque fois qu'il intervient dans ce qu'il considère comme son pré carré africain, l'impérialisme français ne défend ni la paix ni les populations civiles. Si tel était le cas, pourquoi aurait-il attendu si longtemps, alors que tout le monde savait que les pro-Gbagbo perpétuaient des assassinats et des exactions contre les populations soupçonnées d'être favorables à Ouattara ?

En fait Sarkozy, fidèle à la longue tradition des colonisateurs, est intervenu pour protéger les intérêts des groupes financiers et industriels qui se sont implantés en Côte d'Ivoire. À commencer par ceux du français Bolloré, qui contrôle le port de commerce d'Abidjan et le chemin de fer reliant Abidjan à Ouagadougou. Ce trust est également très présent dans l'agro-alimentaire, notamment dans le cacao, dont la Côte d'Ivoire est le premier producteur mondial, et le café. C'est aussi le cas de Total, qui contrôle 150 stations-service et possède des intérêts dans l'exploitation du pétrole off-shore, d'Orange pour les télécommunications ou de Bouygues qui s'est vu confier de grands chantiers comme le troisième pont d'Abidjan, en plus de son monopole sur la distribution de l'eau et de l'électricité. Quant aux 12 000 ressortissants français encore dans le pays, ce sont pour beaucoup des cadres de ces grands groupes ou de leurs filiales, ou des petits patrons venus chercher fortune.

On ne peut que dénoncer cette nouvelle intervention militaire et dire : « Troupes françaises, hors de la Côte d'Ivoire » !

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