Les prix s'envolent, et les salaires ?30/03/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/04/une-2226.gif.445x577_q85_box-0%2C9%2C172%2C231_crop_detail.png

Leur société

Les prix s'envolent, et les salaires ?

Prenant les devants, les grandes enseignes de distribution ont annoncé elles-mêmes des hausses de prix dans leurs rayons d'alimentation pour les mois qui viennent, en en reportant la faute sur ceux qui spéculent sur les produits agricoles ou sur des industriels de l'agro-alimentaire.

Dans Le Figaro-Économie du 23 mars, le président de la Fédération du commerce et de la distribution (FDC), qui représente la plupart des grands groupes de distribution, a parlé d'« une augmentation des prix [qui] sera progressive et modérée, aux environs de 2 % ». Et d'ajouter hypocritement que ce qui l'a surpris (lors de la négociation annuelle fournisseurs-distributeurs qui vient d'avoir lieu) « c'est qu'un certain nombre d'industriels ont tenté de faire passer des augmentations de prix sous couvert de hausse des matières premières », d'autres réclamant « des hausses bien supérieures à 10 % ».

Que les industriels en profitent, sous ce prétexte ou sous un autre, n'a pas de quoi surprendre. Mais qui croira que les groupes d'hypers, supers et supérettes de proximité, qui dominent le commerce de détail, n'accroissent pas leurs marges dès qu'ils le peuvent ? Un exemple : de 2008 à 2010, avec la crise financière mondiale, les cours internationaux des matières premières ont chuté, mais personne n'a vu pour autant les prix baisser dans les rayons.

Les capitalistes de la distribution et ceux de l'agro-alimentaire jouent la comédie du « ce n'est pas moi, c'est l'autre ». Pendant ce temps, les prix de l'alimentation s'envolent. Le président de la FDC reconnaît d'ailleurs que la note va être salée sur divers produits de base. Il estime entre 2 et 4 % l'augmentation à venir sur les fromages industriels ; 4 à 8 % sur le beurre, l'huile, le pain ; 3 à 10 % sur la biscuiterie industrielle ; 5 à 7 % sur le chocolat ; 5 à 10 % sur les pâtes ; 10 à 20 % sur le café ; 15 à 20 % sur la farine...

Sans garantie, bien sûr, que ce ne sera pas encore plus. Sans garantie non plus pour d'autres produits - légumes et fruits notamment, dont il va être de plus en plus difficile de consommer « cinq par jour » dans les familles ouvrières, viande, produits vendus sous la marque du distributeur - qui ne sont pas même soumis à un semblant de négociation tarifaire. Ainsi, selon le président de l'UFC-Que Choisir, « en dix ans, la volaille a vu sa marge brute doubler ». Bien sûr, c'est la marge du grand commerce et des industriels qui a doublé, ceux-ci s'entendant comme larrons en foire pour plumer les consommateurs.

L'avidité des détenteurs de capitaux ne connaît pas de bornes. Et ce ne sont pas des négociations annuelles, ou des admonestations hypocrites de tel ou tel ministre, qui vont empêcher les prix de flamber dans l'alimentation, comme ils le font pour le gaz, l'électricité, les loyers, les transports, le chauffage, l'essence, etc. Peu importe aux possédants et aux gouvernants que dans de nombreuses familles on ne se nourrisse plus correctement.

Alors que l'inflation, la hausse des prix, fait un retour en force, préserver le niveau de vie des classes laborieuses nécessite d'imposer l'échelle mobile des salaires, autrement dit une indexation automatique et immédiate des salaires, retraites et pensions, sur le coût de la vie.

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