Le droit à l'avortement reste à défendre09/03/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/03/une-2223.gif.445x577_q85_box-0%2C14%2C164%2C226_crop_detail.png

8 mars

Le droit à l'avortement reste à défendre

« Comment protéger le droit à l'avortement » est le titre d'un colloque qui a réuni des spécialistes à Paris le 7 mars. La question doit effectivement être posée car, 35 ans après le vote de la loi Veil, il devient de plus en plus difficile de procéder à une interruption volontaire de grossesse.

C'est bien sûr la conséquence de la politique de restriction des budgets pour la Santé qui entraîne la fermeture de centres d'IVG, dont le nombre est passé de 729 à 639 entre 2000 et 2006. Ces fermetures ne sont pas passées sans réaction de la population, et en janvier 2011 la mobilisation prolongée d'hommes et de femmes, du public comme du personnel, a permis la réouverture du centre d'IVG de l'hôpital Tenon qui avait fermé en 2009. Mais pour un centre réouvert des dizaines d'autres ferment, comme ceux de l'hôpital Broussais à Paris, de Jean-Rostand à Ivry, et d'autres sont menacés, comme ceux de Poissy et des hôpitaux Avicenne et Saint-Antoine.

Et bien sûr, ce n'est pas dans les cliniques privées que les femmes trouveront des places supplémentaires car, au nom de la rentabilité, nombre d'entre elles refusent de pratiquer des IVG. Avec la revalorisation en 2010 de près de 50 % du forfait IVG payé par la Sécurité sociale, on verra peut-être des cliniques privées reprendre cette activité, mais rien n'est moins sûr car il y a des interventions chirurgicales autrement plus rémunératrices...

Alors une femme qui envisage de se faire avorter - elles sont 227 000 par an en France - doit suivre un véritable parcours du combattant. Elle doit attendre environ trois semaines en moyenne avant d'obtenir un rendez-vous de consultation et, du fait du manque de places dans les centres d'IVG, elle risque de voir les délais s'allonger jusqu'à la limite légale de 14 semaines d'interruption des règles fixée par la loi pour un avortement. Alors comment s'étonner que, en 2011, près de 5 000 femmes en France soient encore contraintes - à condition bien sûr d'en avoir les moyens - d'aller avorter à l'étranger ?

C'est pourtant une liberté essentielle et il ne sert à rien de fêter les femmes chaque 8 mars, si on ne leur donne pas la possibilité d'user de ce droit tous les autres jours.

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