Troupes françaises hors d'Afghanistan !23/02/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/02/une-2221.gif.445x577_q85_box-0%2C9%2C172%2C231_crop_detail.png

Dans le monde

Troupes françaises hors d'Afghanistan !

La mort d'un 54e soldat français le 19 février en Afghanistan vient rappeler que, depuis 2001, la France y mène une sale guerre aux côtés des forces de la coalition.

Officiellement, les 3 850 militaires français engagés dans le conflit ne sont là que pour aider le régime de Karzaï, soutenu par les Occidentaux, à mettre sur pied une armée nationale censée garantir un régime baptisé « démocratique », contre les différents chefs tribaux qui lui disputent le pouvoir. Mais l'armée française participe au même titre que les autres forces de la coalition à l'occupation dont la population afghane est la principale victime, comme dans toute guerre.

Neuf ans après le début de la guerre et la chute du régime des talibans, le bilan est lourd pour la population, prise entre deux feux, les armées occidentales d'une part et les chefs de guerre d'autre part. Il est difficile d'évaluer le nombre de victimes civiles ; un rapport de l'ONU, certainement sous-estimé par rapport à la réalité, donne un chiffre de 6 215, dont 700 pour la seule année 2010, en augmentation chaque année. Les civils ont été tués soit par les troupes d'occupation, et nommés « dommages collatéraux », soit par les insurgés afghans. C'est ainsi que, dans les jours précédant la mort du soldat français, 64 villageois ont été tués lors de raids aériens ou terrestres menés par les troupes de l'Otan, et une centaine de civils ont été victimes d'attentats revendiqués par les insurgés afghans. Cette insécurité permanente amène de plus en plus d'habitants à fuir les zones de combats, leur faisant perdre leurs moyens de subsistance habituels.

La propagande occidentale mettait aussi en avant le fait que les soldats de la coalition combattaient l'obscurantisme symbolisé par les talibans, pour permettre aux Afghans de mieux vivre, tant matériellement que sur le plan de la liberté individuelle. Mais là aussi les chiffres avancés par des ONG montrent que l'intervention militaire n'a rien changé. Le taux de mortalité infantile reste l'un des plus élevés au monde, faute de soins et de sécurité alimentaire. Sur 8,4 millions d'enfants dans le pays, 6,5 millions ne vont pas à l'école, et un tiers sont obligés de travailler, étant des soutiens financiers indispensables à leur famille. La situation des femmes a même empiré : 43 % des filles sont mariées avant l'âge de 15 ans ; les « crimes d'honneur » sont en augmentation, et les femmes qui cherchent à s'émanciper et à s'impliquer dans la vie publique sont l'objet de menaces ; les écoles de filles subissent des attaques constantes de la part des courants islamistes, y compris de ceux bien sûr participant au gouvernement Karzaï, etc.

L'occupation du pays par les armées de la coalition, les seuls soutiens d'un régime corrompu, ne combat ni l'influence des islamistes, ni celle des chefs tribaux. Elle pousse au contraire de plus en plus d'Afghans à rejoindre ces forces réactionnaires, tant est grande leur haine de l'occupant.

Sur un plan stratégique, les forces de l'Otan semblent engagées dans une impasse. Et sur un plan humanitaire, la guerre d'Afghanistan est un désastre pour les populations civiles.

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