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Espagne : Le gouvernement socialiste s'attaque aux retraites avec l'aval des syndicats majoritaires

Vendredi 28 janvier, le Conseil des ministres espagnol approuvait la réforme qui fait passer à 67 ans l'âge légal de la retraite. Après des semaines de négociations, les syndicats majoritaires, CCOO (Commissions Ouvrières, à l'origine liées au PC) et UGT (Union Générale des Travailleurs, liée au PSOE), qui s'opposaient à cette réforme et menaçaient d'appeler à une journée de grève générale, ont baissé la garde, choisissant de donner leur aval à la réforme des retraites et aux mesures antiouvrières du chef du gouvernement, le socialiste Zapatero.

Cela a été d'ailleurs le quasi-consensus autour de la réforme puisque l'ensemble des partis politiques s'y sont ralliés. À gauche, le PSOE prétend que la baisse des pensions versées permettra de sauver le système des retraites. Il est critiqué sur sa gauche par Izquierda Unida (coalition de partis regroupés autour du Parti Communiste) qui dénonce la baisse des pensions, mais dont les dirigeants se veulent responsables et refusent de critiquer les syndicats. À droite, les dirigeants du Parti Populaire regrettent que Zapatero ne les ait pas écoutés davantage et plus tôt, mais ils ne cachent pas leur contentement de voir Zapatero prendre des mesures impopulaires, que des politiciens de droite auraient peut-être eu plus de mal à imposer aux classes populaires. Prudents, ils se réservent « le temps de l'étudier dans les détails » et de surfer sur un mécontentement dans la population.

Cette réforme des retraites est une attaque grave contre le monde du travail. Le report de l'âge de la retraite de 65 à 67 ans se traduira pour la grande majorité des travailleurs par une révision des pensions à la baisse. D'autant plus que ce seront les 25 dernières années (et non plus les 15 dernières) qui serviront de base au calcul de leur montant. Or, pour la majorité des travailleurs, ce sont les dernières années qui sont les mieux payées. Enfin, le nombre d'annuités requises pour toucher la pension sans décote s'est allongé, passant de 35 à 37 ans.

Les dirigeants des centrales syndicales majoritaires justifient l'acceptation de ce recul en expliquant qu'ils ont obtenu un avantage. Une fraction des travailleurs, ceux qui auront cotisé 38 ans et demi, pourront toujours partir à 65 ans ! Mais ce petit geste n'est rien, comparé à tout ce que les travailleurs et les retraités d'aujourd'hui et de demain sont en train de perdre. Les chiffres sont là : d'après le ministre du Travail lui-même, cette réforme devrait permettre de récupérer 30 milliards d'euros d'ici 2027, milliards qui se retrouveront dans les coffres des banquiers pour le plus grand profit des capitalistes.

Cette prétendue réforme des retraites est, tout comme en France, une mesure antiouvrière inacceptable, et le ralliement des deux principaux syndicats espagnols, une honteuse capitulation.

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