Dans le monde

Le Vatican et la fécondation in vitro : Un coup de goupillon au prix Nobel

Le Vatican, avec son obscurantisme traditionnel, vient de critiquer l'attribution du prix Nobel au docteur Robert Edwards, le « père » de la fécondation in vitro, qui avait permis au premier « bébé éprouvette », Louise Brown, de voir le jour en 1988.

Un évêque espagnol, porte-parole de l'Académie pontificale pour la vie (sic), a en effet déclaré : « Sans Edwards, il n'y aurait pas un marché où sont vendus des millions d'ovocytes » et « il n'y aurait pas dans le monde un grand nombre de congélateurs remplis d'embryons. (...) Dans le meilleur des cas, ceux-ci attendent d'être transférés dans des utérus mais plus probablement ils finiront par être abandonnés ou par mourir ». Et pour finir : « Sans Edwards, la procréation assistée ne serait pas dans l'état de confusion dans lequel elle se trouve, avec des situations incompréhensibles d'enfants nés de grands-mères et de mères porteuses ». Ouf !

Après ces déclarations tonitruantes, le prélat a mis un peu d'eau dans son vin (de messe) dans la version écrite de ses déclarations. Il y admet que le choix de Robert Edwards n'est « pas complètement hors de propos », reconnaissant tout de même qu'il « a inauguré un nouveau chapitre important dans le domaine de la reproduction humaine dont les meilleurs résultats sont visibles de tous en commençant par Louise Brown, le premier bébé éprouvette qui est aujourd'hui maman de manière tout à fait naturelle ». Mais il considère toujours qu'Edwards « a ouvert la mauvaise porte en misant tout sur la fécondation in vitro consentant implicitement le recours à des dons et à des achats-ventes qui concernent des êtres humains ». Que la question des « achats-ventes » des embryons découle du caractère capitaliste de la société, où tout s'achète et tout se vend, plutôt que du progrès scientifique échappe au prélat.

Le Vatican avait fini par accepter, fin 2008, la fécondation assistée mais il continue de considérer comme « moralement illégale » la fécondation in vitro en raison du « sacrifice d'un nombre très élevé d'embryons ».

On peut s'étonner qu'une religion qui attribue à l'intervention du Saint-Esprit la conception du fils de dieu fasse grand cas du sort des embryons, et ne considère pas, comme toute personne sensée, que la science a su développer toute une gamme de solutions pour des couples en mal de procréation. Et que c'est d'abord l'affaire de ces couples.

Mais il est vrai que dans la question du libre choix des femmes à disposer de leur corps, l'Église a plutôt été à l'arrière-garde, quand elle n'a pas établi un barrage comme elle le fait encore contre l'avortement dans bien des pays.

Cela dit, réjouissons-nous qu'en dépit des avis réactionnaires de l'Église, il soit né trois millions de « bébés éprouvette » depuis 1978. Et, dans cette affaire, le nombre d'embryons non utilisés n'a pas plus d'importance que le nombre de spermatozoïdes qui, à chaque rapport sexuel, ne trouvent pas le chemin d'un ovule...

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