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Venezuela : Après les élections législatives, Chavez conserve une large majorité

Dimanche 26 septembre, le parti d'Hugo Chavez a remporté les élections législatives vénézuéliennes. Le Parti Socialiste Uni du Venezuela (PSUV) disposera de 94 sièges sur 165. Mais la grande presse s'est surtout intéressée à ce qu'elle a appelé la « percée significative » de l'opposition de droite, qui représente l'oligarchie écartée du pouvoir politique depuis plus de dix ans.

Les grands médias du monde impérialiste se réjouissent que le parti de Chavez ait perdu son « hégémonie » sur le Parlement vénézuélien. Ils oublient de préciser que cette « hégémonie » découlait du choix politique de l'opposition de droite, elle-même qui avait boycotté les élections législatives de 2005, et n'avait donc pas d'élus, de son propre fait !

La droite reprend des positions

Les choses rentrent donc dans l'ordre. La participation électorale est passée de 40 à 66,45 %. Le parti du président de la République Chavez a réuni 55 % des votes contre 45 % à l'opposition. La droite du MUD (Table d'unité démocratique, qui regroupe une trentaine d'organisations antichavistes) retrouve 62 sièges. Des deux côtés, on avait mobilisé les électeurs. Côté Chavez, il s'agissait de faire avancer ce qu'il appelle la « révolution bolivarienne » tandis que la droite dénonçait « le socialisme du 21e siècle » et ce qu'elle appelle « le ravin du communisme ». Six sièges restent à départager et trois sont réservés à des partis indigènes.

Chavez avait présenté les élections du 26 septembre comme un tour de chauffe avant la présidentielle de 2012. Élu à trois reprises depuis 1998, il se disait « prêt » pour un nouveau mandat, espérant atteindre la majorité des deux tiers du Parlement, soit 110 sièges. Celle-ci lui aurait permis, sans avoir à négocier avec l'opposition, de lancer la révision institutionnelle lui permettant de briguer un nouveau mandat.

La droite se réjouit que le parti de Chavez n'a pas atteint cet objectif et d'avoir progressé dans des États qui lui étaient plutôt acquis, comme l'État pétrolier d'Anzuategui ou à Pétare, un quartier populaire de la capitale. Elle a également progressé en ce qui concerne les postes de gouverneurs des provinces, contrôlant désormais cinq États, contre deux auparavant.

Le parti de Chavez, lui, a repris trois États tenus par des dissidents du chavisme et il conserve un nombre confortable de députés et de gouverneurs. Cela reflète le fait qu'il reste très populaire dans les quartiers pauvres pour qui il a créé et maintenu de nombreux programmes sociaux, dans un pays aux inégalités criantes, comme dans toute l'Amérique latine.

Malgré cela, un habitant sur quatre vit toujours en-dessous du seuil de pauvreté. De plus, l'année écoulée a été assez difficile. Le Venezuela a affronté une récession économique, avec une forte inflation de 30 %. Une crise énergétique a provoqué des coupures d'électricité récurrentes. L'échec du PSUV dans l'État où se trouve la capitale Caracas semble découler à la fois de la forte montée de la criminalité et d'une désorganisation des services publics. Enfin, l'arrogance et la corruption de certains responsables chavistes sont devenues plus visibles.

Chavez, « sauveur » des classes populaires ?

Depuis le début, le régime de Chavez s'est servi des revenus du pétrole pour financer ses réformes sociales, mais le Venezuela ne peut échapper éternellement aux effets de la crise économique mondiale. La chute des prix du pétrole menace les programmes sociaux, engendre l'inflation et le chômage. La droite va être tentée de s'appuyer sur les régions sous son contrôle pour reprendre sa campagne contre le régime de Chavez. Elle pourrait même imiter l'oligarchie bolivienne et réclamer l'autonomie des régions riches en pétrole comme l'État de Zulia.

Dans le passé, plusieurs tentatives de coups d'État inspirées par la droite se sont soldées par un échec parce qu'elles ont provoqué, en retour, le soutien et la mobilisation des classes exploitées, conscientes que le retour de la droite et de l'oligarchie possédante signifierait la fin de certains progrès sociaux.

Ces élections du 26 septembre viennent de témoigner encore une fois du soutien populaire dont dispose Chavez, tout simplement parce qu'il est le premier gouvernement qui se soit soucié un tant soit peu des classes populaires.

Mais, du point de vue de celles-ci, ce régime ne pourra pas être toujours une garantie. Malgré les déclarations socialisantes de Chavez, celui-ci s'est limité à financer des programmes d'aides sociales, mais n'a entrepris aucune transformation profonde de la société. Ne cherchant nullement à exproprier les capitalistes privés qui dominent les secteurs clés de l'industrie et les banques, il leur a ainsi laissé toute leur puissance sociale, ce qui peut leur permettre de revenir en force demain.

Alors, pour leur avenir, les masses populaires vénézuéliennes ne peuvent se fier au seul « sauveur suprême » Chavez, mais seulement aux transformations qu'elles pourront imposer dans la société.

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