Retraites : L'arrogance de Sarkozy15/09/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/09/une2198.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Retraites : L'arrogance de Sarkozy

Le discours prononcé par Sarkozy le 8 septembre devant les députés, lors de la discussion sur la « réforme » des retraites, avait tout d'une insulte doublée d'un défi envers les millions de travailleurs qui, la veille, avaient manifesté leur rejet de cette réforme. Et il faut une bonne dose de servilité pour, comme bon nombre de commentateurs, avoir trouvé dans ce discours du président des « ouvertures » voire des « concessions ».

« Je souhaite, a professé Sarkozy, que toute personne présentant un taux d'incapacité de 10 % (c'était 20 % dans la première mouture du projet de loi, et telle serait donc l'ouverture) puisse faire valoir ses droits devant une commission pluridisciplinaire. Sur la base des éléments que lui présentera le salarié, cette commission pourra décider de lui accorder le bénéfice d'un départ à la retraite. » Le texte ne précise pas s'il faudra mettre un genou en terre ou les deux pour obtenir la haute bienveillance de ladite commission. Mais une chose est claire, c'est que les travailleurs transformés en handicapés par des décennies d'exploitation devraient, individuellement, plaider leur cause auprès d'une sorte de tribunal dont les membres discuteraient ensuite doctement pour déterminer si le travailleur ainsi handicapé aurait la possibilité de partir en retraite à... 60 ans. Belle avancée !

Et le président d'ajouter : « Un comité scientifique sera créé pour progresser rapidement dans notre connaissance des effets de certains facteurs de pénibilité à impacts dits différés, de manière à ce que nous puissions en tirer toutes les conséquences. » Quelle ânerie et quel mépris, alors qu'il n'y a pas besoin de sommités scientifiques et médicales pour être au courant de ce que tout le monde sait : oui, le travail use, et il use de plus en plus au fur et à mesure que se détériorent les conditions de travail, et ce ne peut être une découverte que pour ceux qui ne savent pas ce que c'est que travailler !

À l'automne 1995, Juppé se disait « droit dans ses bottes » pour imposer son plan de remise en cause de la retraite des fonctionnaires. Fin décembre de la même année, il remettait son plan dans sa poche parce qu'entre-temps une vague de grèves et de manifestations de plus en plus larges et puissantes avait déferlé. Eh bien, l'arrogance de Sarkozy et sa « réforme » des retraites peuvent subir le même sort que les bottes de Juppé et son plan ! Pour cela, pour la retraite à 60 ans et le retour aux trente-sept ans et demi de cotisations, il faut que le mouvement se développe et s'amplifie, à commencer par la journée de grèves et de manifestations du 23 septembre !

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