Le gouvernement s'en prend à la médecine du travail15/09/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/09/une2198.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Le gouvernement s'en prend à la médecine du travail

Dans le cadre de la réforme des retraites, le gouvernement vient de faire voter à la sauvette une série d'amendements sur la médecine du travail qui représentent une attaque contre l'ensemble du système de santé dans les entreprises.

Pour déceler les conditions de travail responsables de maladies professionnelles comme les TMS (troubles musculo-squelettiques), certains cancers, les maladies liées à l'amiante ou au stress, les médecins du travail ne sont que 7 204, et plus de la moitié ont plus de 55 ans. Et comme moins de 80 étudiants en médecine optent pour cette spécialité chaque année, la pénurie ne pourra aller qu'en s'aggravant, avec le départ en retraite prochain de près de 4 000 de ces médecins.

Soi-disant pour pallier cette pénurie, Éric Woerth a fait voter la possibilité pour les artistes, les intermittents, les mannequins, les employés de particuliers, les voyageurs, représentants et placiers de ne plus voir un médecin du travail mais un médecin généraliste, comme si ceux-ci avaient la même compétence en maladies professionnelles. Une autre « solution » consiste à faire appel aux internes de la spécialité, c'est-à-dire aux futurs médecins du travail, pour leur demander de remplacer les médecins en poste pendant leurs congés. Enfin, des infirmières pourraient se spécialiser en médecine du travail...

En fait, le gouvernement se moque bien de la pénurie de médecins du travail car il cherche à limiter encore davantage les moyens dont ils disposent. Ainsi Woerth a fait voter la suppression du texte qui garantit « les règles d'indépendance des professions médicales et l'indépendance des personnes ou organismes associés ». Un autre texte indique maintenant que « l'ensemble des missions de la médecine du travail est exercé sous l'autorité de l'employeur ».

Bien sûr aujourd'hui, « l'indépendance » des médecins du travail par rapport aux employeurs est parfois très limitée. Il y a cependant des médecins du travail qui tentent de remplir honnêtement et courageusement leur rôle et se heurtent aux pressions des patrons qui n'hésitent pas à entraver leur travail. On l'a vu à PSA ou à IBM La Gaude dans les Alpes-Maritimes, où le patron s'est débarrassé de médecins du travail jugés pas assez dociles et trop prompts à dénoncer les conditions de travail. Mais il y a aussi des médecins du travail complices des patrons et qui ont fermé les yeux, comme le scandale de l'amiante l'a montré, ne déclarant pas comme maladie professionnelle des cancers liés à l'exposition à ce produit.

En s'en prenant aux médecins du travail, le gouvernement ne fait qu'aider les patrons à avoir les mains libres pour exploiter leurs salariés. Car, comme le dit un médecin du travail, retirer le garde-fou, même faible, que représente la médecine du travail, laisser aux patrons le soin de prévenir les maladies professionnelles, c'est comme confier la prévention des marées noires aux trusts pétroliers.

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