Italie : Dans l'enseignement, des dizaines de milliers de suppressions de postes15/09/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/09/une2198.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Italie : Dans l'enseignement, des dizaines de milliers de suppressions de postes

Lundi 13 septembre, jour de la rentrée des classes en Italie, a aussi été un jour de manifestations pour les enseignants. En particulier 4 000 travailleurs précaires du secteur, enseignants et administratifs, ont bloqué le détroit de Messine qui sépare la Sicile du continent.

Les uns, d'un côté du détroit, étaient venus de toute la Sicile. Sur l'autre rive, ils étaient venus des autres régions du sud de l'Italie : la Calabre, la Campanie, les Pouilles, afin de protester ensemble contre la politique de suppressions de postes mise en oeuvre par le gouvernement Berlusconi et sa ministre de l'Enseignement, Mariastella Gelmini. 67 000 postes d'enseignants et 20 000 postes de suppléants ont été déjà supprimés en deux ans. Au total, dans l'ensemble de l'enseignement, qui emploie actuellement un peu plus d'un million de personnes y compris le personnel administratif et technique, ce sont 133 000 postes qui devraient être supprimés en trois ans, pour l'essentiel par le biais du non-renouvellement des contrats précaires. En Sicile par exemple, ce sont 13 000 personnes qui se retrouvent sans poste, situation d'autant plus dramatique dans une région où les emplois sont particulièrement rares.

Cette politique vise avant tout à faire des économies sur le budget de l'enseignement public, dont les financements diminueront de 8 milliards d'euros, une somme que les enseignants mettent en parallèle avec le coût du projet contesté de pont sur le détroit de Messine, qui devrait coûter plus de dix milliards. En même temps, la ministre voudrait favoriser une privatisation progressive de l'enseignement, tant par le développement des écoles privées que par la recherche de financements privés pour le système public. Cette politique se dissimule derrière ce qu'elle ose appeler « une réforme historique ». Elle promet de nouveaux lycées, de nouveaux instituts techniques et professionnels, censés permettre une meilleure liaison entre l'école et la vie professionnelle, un meilleur enseignement de l'anglais et des matières scientifiques, une meilleure efficacité du système éducatif. Mais le plus clair de l'affaire est que les établissements d'enseignement se retrouvent avec un personnel diminué, avec des classes surchargées ou sans enseignants, des élèves privés de soutien scolaire, le tout dans des conditions matérielles qui se dégradent.

Pendant ce temps, des dizaines de milliers d'enseignants se retrouvent sans poste ou attendent avec anxiété une nomination comme remplaçant ou soutien scolaire, parfois après des années passées à tenter de progresser dans la « graduatoria », la liste d'attente censée attribuer les postes en fonction des points accumulés.

Le 13 septembre, les manifestations de part et d'autre du détroit de Messine ayant abouti à retarder le départ de quelques ferries, des poursuites pour atteinte à l'ordre public ont été déclenchées contre 25 manifestants identifiés par la police. Mais des protestations contre la politique gouvernementale ont aussi eu lieu dans toute l'Italie, marquées par des grèves de la faim de membres du personnel enseignant ou administratif. Et elles ne font sans doute que commencer contre ces 133 000 suppressions de postes qui constituent un vaste et scandaleux plan de licenciements.

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