Dans les entreprises

Equant France Télécom Rennes : Après le suicide d'un salarié, l'attitude choquante de la direction

Les travailleurs d'Equant, filiale à 100 % de France Télécom, ont appris le suicide vendredi 3 septembre d'un de leurs collègues du site de Cesson, près de Rennes. La direction l'a annoncé le lundi suivant à ceux qui travaillaient avec lui, sans jamais vouloir prononcer le terme de suicide, mais parlant de disparition, de décès brutal, certains cadres disant même ne pas être « habilités » à donner des précisions.

Les représentants de la direction, DRH et cadres dirigeants, ont aussitôt organisé des réunions en déclarant leur volonté de faciliter les discussions et d'accompagner les travailleurs en souffrance, y compris en leur offrant la possibilité de faire appel à des psychologues. Bien sûr, chacun est très choqué, et nous n'avions pas attendu la direction pour en parler et nous soutenir mutuellement.

Sous prétexte de vouloir prendre en charge la douleur des salariés, la direction a mis en oeuvre une stratégie de communication qui n'a rien de spontané et qu'elle utilise systématiquement à chaque suicide. D'une part, elle cherche à entretenir le flou aussi longtemps que possible sur les raisons du décès. D'autre part, elle met en avant la situation familiale du salarié comme unique motif de son geste, ce qui revient à en reporter la responsabilité sur ses proches. Puis, passé les communications du premier jour, elle cherche à installer une chape de plomb en faisant du décès de notre collègue un sujet dont il est déplacé de parler. Elle a même reculé le plus possible la tenue d'un CHSCT sur ce sujet, invoquant la pudeur et la fragilité des salariés puis, en dernier recours, l'enquête de gendarmerie qui ne serait pas terminée.

Mais ce suicide est dans toutes les têtes. Respecter la mémoire de notre camarade de travail, c'est aussi savoir si sa situation professionnelle a pu être une des causes de sa souffrance. Or, suite aux nombreux suicides de salariés qui s'élèvent maintenant à 23 depuis janvier 2010, dont un qu'elle a dû reconnaître en accident du travail, la direction n'a pas le bénéfice du doute.

Nous sommes donc décidés à obliger la direction à nous donner enfin toutes les explications nécessaires.

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