Leur société

Roms : Les parias de l'Europe

Mardi 17 août Luc Chatel, ministre de l'Éducation nationale, était l'invité de la matinale d'Europe 1. Interrogé sur les rafles et les expulsions de Roms pratiquées par le gouvernement, il a répété à trois reprises : « Il faut être ferme vis-à-vis de tous ceux qui sont entrés de manière illégale sur le territoire, qu'ils soient Roms ou non. » Sauf que les Roms ne sont pas entrés en France de manière illégale, car leurs pays d'origine - Roumanie, Bulgarie - sont membres de l'Union européenne.

Et, normalement, ils devraient avoir toute liberté de circulation, bien que pour le moment leur séjour soit limité à trois mois, s'ils n'obtiennent pas une autorisation de séjour plus longue.

Et cette autorisation de séjour, le gouvernement ne la leur accorde pas. Au contraire, il les empêche de travailler, de se loger, de s'insérer, en les expulsant régulièrement sous le prétexte qu'ils troubleraient l'ordre public en vendant dans la rue sans autorisation, en mendiant ou en s'installant dans des campements illégaux, ou parce que, faute de ressources, ils constituent une charge sociale « déraisonnable » pour la France. En fait le gouvernement, comme la plupart des gouvernements européens, rejettent les Roms pour « délit de grande pauvreté ».

En tant que ministre de l'Éducation, il a été demandé à Chatel s'il garantissait que tous les enfants Roms seraient scolarisés à la rentrée. Chatel s'est bien gardé de répondre oui. Il a exactement dit : « L'école de la République leur ouvre ses portes », ce qui n'est pas la même chose. Car, si l'inscription de tous les enfants à l'école est un droit, encore faut-il pouvoir l'exercer. Et les expulsions répétées, l'impossibilité d'accéder même aux aires d'accueil des gens du voyage, faute de livret de circulation, ne permettent pas aux familles roms de se stabiliser même quelques mois et ne permettent pas aux enfants de fréquenter régulièrement une école et de s'instruire, quoi qu'en dise le ministre de l'Éducation.

Partager