Les conditions de vie des classes populaires se dégradent, mais le gouvernement est content de lui18/08/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/08/une2194.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

Les conditions de vie des classes populaires se dégradent, mais le gouvernement est content de lui

La ministre de l'Économie, Christine Lagarde, est contente d'elle et de l'embellie qu'elle observerait dans la situation économique. C'est que, d'après les dernières statistiques, 35 000 emplois auraient été créés au cours du deuxième trimestre. Bien sûr, elle n'insiste pas sur le fait que ce sont essentiellement des postes d'intérimaires, et on ne nous dit surtout pas à quelles activités ils correspondent, combien il y a là-dedans de « petits boulots » sous-payés. Comme la ministre s'est bien gardée de commenter le fait que dans le secteur industriel - celui qui produit le plus de richesses socialement utiles - 17 000 emplois avaient encore disparu, et que dans la construction, où les besoins sont immenses étant donné le nombre de sans-logis et de mal-logés, 1 500 emplois ont également été supprimés.

En réalité, la seule chose qui intéresse vraiment les capitalistes, et le gouvernement qui est à leur service, c'est de savoir si l'évolution de la situation économique va leur permettre de maintenir leurs profits, voire de les augmenter. Mais les conséquences que leurs décisions, que leurs spéculations, peuvent avoir sur la vie quotidienne des classes populaires, ils s'en moquent éperdument. À l'intention de celles-ci, ils se contentent de discours optimistes, du style « Tout va très bien, madame la Marquise » !

Le quotidien économique Les Échos, pourtant bien plus lié au monde des capitalistes grands et petits qu'à celui des travailleurs, dit lui-même de ces créations d'emplois, dont Lagarde est si fière, que « cela reste insuffisant pour permettre de réduire le niveau du chômage ».

Mais justement, comme le recours incessant aux discours optimistes dans le genre « Nous voyons le bout du tunnel », « Nous sortons de la crise », ne peut tromper que les plus naïfs, le gouvernement s'est lancé dans une vaste campagne de diversion sécuritaire. Elle est destinée à camoufler les attaques incessantes auxquelles le grand patronat se livre, avec l'aide du gouvernement, contre les conditions de vie et de travail des salariés, comme cette prétendue réforme des retraites qu'il serait plus juste de qualifier de casse du système des retraites.

Il s'agit aussi d'essayer de faire oublier toutes ces affaires qui mettent à jour les liens étroits qui unissent les milliardaires à la Bettencourt aux hommes politiques de la bourgeoisie.

Il s'agit par la même occasion de tenter de reconquérir l'électorat le plus réactionnaire, celui du Front National. Alors, c'est à qui, de Sarkozy ou de ses ministres, dénoncera le danger que représenterait d'après eux les gens du voyage ou les Roms, et justifiera ces expulsions honteuses où l'on voit ces déploiements policiers mobilisés pour jeter à la rue hommes, femmes, enfants, bébés, et leurs pauvres hardes. C'est à qui réclamera des lois qui permettent de retirer la nationalité française à ceux qui ne sont pas des « Français d'origine », comme si cette expression avait le moindre sens, dans un pays où une grande partie de la population descend de parents ou de grands-parents immigrés... à commencer d'ailleurs par un certain nombre de politiciens qui ne craignent pas le ridicule.

Ces gens-là auraient pu faire une belle carrière dans la France de 1940 à 1945, quand l'État français organisait des rafles pour expédier dans des camps Juifs et Tsiganes, et acceptait d'en livrer par milliers aux bourreaux nazis.

Mais nous, travailleurs, quelles que soient nos origines, quelle que soit la nationalité qui figure sur nos papiers d'identité, nous ne devons pas oublier que face à nos patrons, qui savent très bien collaborer entre eux, qu'ils soient français ou étrangers, nous avons les mêmes intérêts et les mêmes adversaires, et que nous devons lutter tous ensemble si nous voulons obliger le patronat et son gouvernement à reculer.

L'ensemble des confédérations syndicales appellent le 7 septembre à une journée de grèves et de manifestations pour protester contre le report de l'âge de la retraire et les mesures qui l'accompagnent. Une journée isolée ne pourra certes pas suffire pour faire reculer le gouvernement. Mais plus elle sera réussie, plus nous serons nombreux, plus elle pourra servir à préparer les luttes de plus grande ampleur qui seront nécessaires pour faire ravaler au patronat et au gouvernement leur morgue et leurs projets.

Arlette LAGUILLER

Éditorial des bulletins d'entreprise du 16 août

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