Leur société

Sarkozy à la télévision : La droite parle à la droite

On a voulu nous faire croire que l'intervention télévisée de Sarkozy, sur France 2 lundi 12 juillet, était destinée à répondre aux interrogations et aux inquiétudes de la population de France. Faux. Elle était bien plus adressée à la droite, à cette clientèle électorale qui a donné au président de la République sa majorité. Elle visait à la convaincre qu'il y a en SA personne un pilote dans l'avion qui, en planant par-dessus les préoccupations et les soucis de chacun, aurait su garder la tête froide et saurait maintenir le cap.

Son intervention s'est résumée à une longue diatribe contre ces pauvres qui ne voyaient pas plus loin que leur nez et qui ne savaient pas se sacrifier pour les intérêts de la France qu'il incarnait, la France des riches, des exploiteurs, des Bettencourt, des Bolloré, des Michelin et des Peugeot.

Aucun des ingrédients traditionnels des discours de droite ne manquait. Après le couplet sur l'honnêteté des hommes politiques, dont Éric Woerth était à ses yeux le meilleur exemple, on a eu droit à l'apologie de l'argent et de ceux qui en possèdent beaucoup, pour finir sur un couplet antiouvrier dont l'hôte de l'Élysée est coutumier. Les salariés peuvent manifester tout leur saoul, a-t-il dit, c'est un droit qu'il ne conteste pas mais lui, capitaine courageux, ne changera pas d'un pouce sa politique.

On ignore si un tel discours aura rassuré ceux auxquels il était destiné, mais il aura confirmé que Sarkozy, comme ses prédécesseurs, gouverne au service des riches. Avec toutefois un zeste d'arrogance et de suffisance en plus !

D'autres hommes politiques, Juppé, Villepin entre autres, avaient fait en leur temps un numéro similaire, se prétendant « droits dans leurs bottes » et proclamant, eux aussi, qu'ils ne céderaient pas devant la rue. Et pourtant ils ont dû plier.

Sa Suffisance le sieur Sarkozy se croit plus fort. Il faudra lui montrer, comme les cheminots ont su le faire en 1995 avec Juppé, ou les étudiants en 2006 avec Villepin, qu'il s'est trompé dans ses calculs.

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