Juillet 1940 : À droite toute !14/07/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/07/une2189.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

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Juillet 1940 : À droite toute !

Il n'y a pas qu'à Vichy que le vent souffla de la droite après l'effondrement militaire de la France en 1940, même si, dans la mythologie officielle de la Deuxième Guerre mondiale, on nous présente aujourd'hui les choses comme si, face au régime de Vichy fortement marqué à droite, la Résistance avait représenté une option, sinon de gauche, du moins plus démocratique. En réalité bien peu de chose séparait les conceptions du personnel politique qui soutenait Pétain et celles des hommes qui avaient rejoint De Gaulle avant l'été 1941.

Si, contrairement à Vichy, De Gaulle ne fit pas profession d'antisémitisme, ne serait-ce que parce qu'il ne pouvait guère se permettre, dans son isolement, de refuser un seul ralliement, il avait du pouvoir une conception autoritaire qu'allait illustrer, plus encore que la naissance de la Ve République, l'aventure du RPF.

Les quelques officiers qui se rallièrent alors à lui affichaient des conceptions ouvertement réactionnaires, tel le capitaine-comte Philippe de Hautecloque (le futur maréchal Leclerc), ouvertement partisan de la suppression des partis politiques.

C'est aussi à droite que se recrutèrent beaucoup des hommes jeunes qui ralliaient Londres, tel René Mouchotte, qui commanda un groupe de chasse français intégré à la Royal Air Force, avant d'être abattu en 1943, et dont les Carnets publiés en 1949, en un temps où les partis politiques et le Parlement avaient retrouvé leur rôle d'avant-guerre, furent soigneusement expurgés, pour ne pas « raviver des plaies encore très vives, au risque de déclencher des passions », comme l'écrivit l'ancien chef du Service historique de l'armée de l'air. Ce n'est qu'en 2001 que fut publiée une version conforme à l'original.

La Résistance, dans la première année qui suivit l'armistice, était d'ailleurs d'autant moins marquée à gauche que le Parti Socialiste avait fourni des ministres à Pétain, que la grande majorité de ses députés et sénateurs avaient voté les pleins pouvoirs à celui-ci, et qu'il n'y eut au sein de ce parti que quelques individualités pour rallier la « dissidence » gaulliste. Quant au Parti Communiste, jusqu'en juin 1941 il renvoyait volontiers dos à dos Pétain et De Gaulle... ce qui n'était pas si faux !

Ce fut l'agression allemande contre l'URSS qui changea les données du problème. Le Parti Communiste Français retrouva les accents cocardiers qui avaient été les siens de 1935 à septembre 1939, et De Gaulle, qui avait besoin de l'appui de la Résistance intérieure pour s'imposer face aux anglo-américains, lui ouvrit les portes du Conseil national de la Résistance, puis du Gouvernement provisoire.

Mais pendant plus d'une année, de juin 1940 à juin 1941, l'opposition entre pétainistes et « dissidents » fut essentiellement un problème entre deux courants de droite.

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