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Haïti : Six mois après le séisme, rien n'a changé

En Haïti, six mois après le séisme du 12 janvier qui a fait des centaines de milliers de morts et 1,5 million de sans-abri, le président de la République René Préval a organisé une cérémonie du souvenir, avec comme invité vedette l'ancien président américain Bill Clinton, représentant de Barack Obama dans la région.

La garden-party qui a suivi, dans les jardins du palais présidentiel, pour quelques deux cents personnes triées sur le volet et protégées par un imposant dispositif militaire, était d'autant plus indécente qu'à quelques dizaines de mètres, sur l'esplanade du Champ-de-Mars, des milliers de victimes du séisme continuent à vivre l'enfer des abris de fortune exposés aux pluies, au manque d'eau potable et d'hygiène.

C'est que peu de chose a changé depuis le drame du 12 janvier. La population continue à vivre au milieu des gravats que l'on dégage encore avec des moyens dérisoires, car les milliers d'engins et de camions promis par le gouvernement se font toujours attendre. Ce pays, appauvri par des décennies d'exploitation coloniale puis impérialiste, manque également de fonds pour entamer la reconstruction des habitations et des infrastructures comme les écoles, les routes ou les réseaux sanitaires nécessaires. Passées l'émotion des premières semaines et les belles paroles sur la solidarité avec le peuple haïtien dans les médias, la pseudo-générosité des pays riches a ses limites. Sur les promesses de dons à hauteur de 10 milliards de dollars sur trois ans, seulement 150 millions ont été débloqués par le Brésil et le Venezuela. Quant à la France, ex-puissance colonisatrice d'Haïti, aujourd'hui en concurrence avec les États-Unis et le Canada pour maintenir l'île dans sa sphère d'influence, elle attend pour débloquer des fonds d'avoir des garanties quant à l'accès de ses trusts au marché de la reconstruction.

Quant aux agences d'aide internationale, elles ont pu mettre en place quelques infrastructures et réaliser quelques actions, mais la distance reste grande entre ce qu'elles prévoient et les besoins vitaux des sinistrés. Pour l'immense majorité d'entre eux, rien n'a changé. Quelques-uns ont été déplacés dans des camps construits loin de la capitale, mais ils se retrouvent isolés et à l'écart des zones d'activités qui leur permettraient de trouver un travail pour survivre.

Les milieux politiques, eux, se focalisent sur les élections présidentielle et législatives qui devaient avoir lieu en février et ont été repoussées au 28 novembre du fait de la catastrophe. Qu'il soit pro-Aristide, pro-Préval, ancien duvaliériste ou pseudo-intellectuel, chacun se positionne pour bénéficier d'un poste et d'un accès à la mangeoire. En tout cas, ni les uns ni les autres ne sont prêts à mettre l'administration au service de la population.

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