Congrès du PCF : Un parti empêtré dans ses alliances23/06/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/06/une-2186.gif.445x577_q85_box-0%2C15%2C162%2C225_crop_detail.png

Leur société

Congrès du PCF : Un parti empêtré dans ses alliances

Le 35e congrès du PCF n'a pas apporté de surprises en confirmant le choix de continuer « l'aventure du Front de Gauche » et en lui impulsant même « un nouvel élan ». L'élection de Pierre Laurent au poste de secrétaire national du PCF, prenant la place que lui cédait Marie-George Buffet, était elle aussi prévue.

Les différentes sensibilités qui se manifestent au sein du PCF depuis bien longtemps se sont naturellement fait entendre au cours de ce congrès : celle qui dit incarner un PCF du passé, qui se réclame non pas des traditions révolutionnaires sur lesquelles ce parti s'était fondé en 1921, mais de celles, ouvertement staliniennes, du parti que présidait Thorez et Duclos dans les années trente, et plus encore celles des années de l'après-Seconde Guerre mondiale, dont André Gérin est le principal porte-parole. Il y a aussi ceux qui défendent l'idée que le PCF n'a plus lieu d'être aujourd'hui, que la « forme parti » est dépassée, qu'il faudrait se dissoudre dans un vaste ensemble de gauche indifférencié, une conception dont les figures de proue étaient les deux cents et quelques notables qui avaient annoncé à son de trompe leur décision de quitter le Parti, et dont il reste des représentants qui sont encore au PCF. La majorité incarnée maintenant par Pierre Laurent s'efforce en fait de naviguer entre ces deux courants, défendant la nécessité de maintenir un parti qui se réclame du communisme, mais d'un communisme bien loin de ses origines. L'horizon commun à ces trois sensibilités reste les prochaines échéances électorales.

Une telle perspective suppose d'en passer obligatoirement par des alliances. Et en premier lieu, de prolonger celle qui s'est constituée en 2009 avec le Parti de Gauche de Jean-Luc Mélenchon. Ce dernier, à la tête d'une formation sans guère de forces militantes et outrancièrement médiatisé, a été le grand bénéficiaire de cette alliance. Du coup, Mélenchon en est, deux ans avant la Présidentielle, à réclamer d'être désigné candidat du Front de Gauche en 2012.

Les dirigeants du PCF essayent aujourd'hui de gagner du temps en reportant à quelques mois cette décision. Il n'en reste pas moins que cette péripétie illustre la situation dans laquelle se trouve leur parti. Quels que soient son contour et ses partenaires, l'alliance avec Mélenchon au premier tour, avec le PS au second, est une autre façon de se dissoudre et de dissoudre sa spécificité. Les dirigeants du PCF prennent le risque de s'affaiblir encore, en tant que force politique, de plus en plus confinée au rôle de force d'appoint d'une coalition électorale, dominée par ses partenaires. Et cela est d'autant plus facilité qu'en ce qui concerne les idées et le programme, le PCF n'en a guère de différents de ceux de ses alliés.

Il y aurait une autre perspective, la seule à notre sens qui offrirait une issue pour le monde du travail et les classes populaires, qui consisterait à renouer avec les idées sur lesquelles a été fondé le mouvement communiste en France, il y a de cela 90 ans. Cette voie peut paraître difficile aujourd'hui, mais elle est la seule qui permette de faire face à la dictature économique qu'exercent les capitalistes, la seule qui permette de faire front aux attaques incessantes des représentants politiques de cette classe d'exploiteurs qui est en train de mener la société à la catastrophe.

Partager