Von Roll - Delle (Territoire de Belfort) : En lutte pour les salaires18/06/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/06/une2185.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Von Roll - Delle (Territoire de Belfort) : En lutte pour les salaires

« Des millions pour les actionnaires et zéro pour les salariés » : c'est le texte du panneau qui recouvre celui de Von Roll, depuis mardi 8 juin. Cette usine, ex-UDD, qui fabrique des pièces pour l'industrie électrique (Alstom est l'un des gros clients), ou encore des lames de racle pour des papeteries, et qui compte 137 salariés, est en grève, bloquée par la grande majorité des 90 ouvriers. Ils revendiquent, avec la CGT seul syndicat présent, une augmentation de 70 euros du salaire de base.

En décembre 2009, lors des négociations salariales annuelles, la direction avait décidé zéro euro d'augmentation dans toutes les usines du groupe en Europe, et cela à la fin d'une année particulièrement dure - nombreux jours de chômage partiel, vingt licenciements, des pressions accentuées pour des efforts toujours dans le même sens.

Alors que la charge de travail réaugmentait de mois en mois, la direction serine qu'il n'y a « pas de lisibilité à long terme ». Mais on apprenait que la douzaine de gros actionnaires du groupe Von Roll, basé en Suisse, s'étaient octroyé 26 millions d'euros de dividendes, le double de 2008, et que le directeur de tous les sites de production a eu son salaire annuel augmenté de 300 000 euros, atteignant 1,8 million !

Après une énième demande aboutissant à une proposition de rouvrir des négociations seulement le 18 juin, il a été décidé d'agir tout de suite, sans laisser la possibilité à la direction de faire partir la production d'ici là.

Les grévistes, une soixantaine, se retrouvent chaque jour à l'usine, située au centre de la ville. Toute la journée, à la porte, munis d'une grosse sono, ils appellent tous ceux qui passent à les soutenir, moralement et financièrement, et les automobilistes à klaxonner. Ils reçoivent de nombreux gestes de solidarité, auxquels ils répondent chaleureusement.

Samedi 12 juin, la direction a accepté de rencontrer les délégués à Belfort, à la Direction du travail. Elle leur a dit qu'il y aurait bien des négociations... le 17 juin, preuve d'ouverture de sa part, mais rien pour les salaires avant décembre !

Après une semaine de lutte dans cette usine, où il ne s'était rien passé de comparable depuis 1997, l'ambiance a bien sûr radicalement changé entre les ouvriers, solidaires face à des patrons financiers. Lundi 14 juin, les grévistes, toujours aussi nombreux, tenaient bon.

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