MC Synchro - Chanteloup et Mitry-Mory (Région parisienne) : La grève, ça peut rapporter gros18/06/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/06/une2185.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

MC Synchro - Chanteloup et Mitry-Mory (Région parisienne) : La grève, ça peut rapporter gros

MC Synchro est un sous-traitant de l'automobile qui travaille surtout pour PSA. Lundi 14 juin, l'usine de Chanteloup-les-Vignes, qui fournit l'usine PSA de Poissy, s'est mise en grève dès la prise d'équipe, rejointe un peu plus tard par celle de Mitry-Mory qui fournit l'usine PSA de Aulnay. La quasi-totalité des travailleurs étaient en grève. Ceux de l'équipe de l'après-midi se sont joints au mouvement. La grève touchait tous les salariés, aussi bien les embauchés que les intérimaires, soit une soixantaine sur les deux sites.

À l'usine de Chanteloup, sur les 36 ouvriers en production, 22 sont intérimaires. Les ouvriers réclamaient l'embauche en CDI des précaires et une prime de vacances de 1 000 euros. Parmi les raisons de la grève, il y a le ras-le-bol des cadences élevées à cause du sous-effectif. Et puis, depuis la mise en place d'un accord sur la flexibilité le 1er janvier 2010, les travailleurs de MC Synchro ont fait de nombreux samedis supplémentaires sans toucher un euro de plus ! D'autre part, en comparant le prix de revient des pièces au prix des pneus vendus à PSA, ils ont calculé que le travail d'un ouvrier rapportait au moins 4 000 euros par mois à MC Synchro. Alors, comme l'a dit un gréviste de Mitry-Mory, « on n'a pas envie de se priver pendant les vacances ! »

À tout cela s'ajoutent les mensonges de la direction. Celle-ci prétendait que l'entreprise était au bord du gouffre et que chacun devait faire des efforts. Or celle-ci vient d'annoncer un chiffre d'affaires en hausse.

Heureusement, les travailleurs de leur côté avaient des moyens de pression. Il y avait du stock pour une journée à peine et, grâce au flux tendu, la grève menaçait de bloquer la production de C3 dans les usines de Poissy et d'Aulnay. Un cadre, qui voulait convaincre les ouvriers de renoncer à leur grève, n'a rien trouvé de mieux que de leur confier que MC Synchro devait verser 4 600 euros de pénalités à PSA pour chaque minute de retard dans la livraison des pneus. Les grévistes ont conclu qu'il coûterait moins cher à MC Synchro de céder à leurs revendications, plutôt que de prendre le risque de bloquer la production des usines PSA ne serait-ce que dix minutes !

Finalement la direction a cédé dans la journée même à une grande partie des revendications. À Chanteloup, 15 intérimaires vont voir leur contrat transformé en CDI. Une prime de 500 euros va être versée à tous. Les travailleurs ont aussi obtenu que la journée de grève soit payée.

L'unité des embauchés et des intérimaires, ainsi que la rapidité avec laquelle la grève de Chanteloup s'est étendue à une autre usine du groupe, a sans doute pesé dans le choix de la direction. Ceux de Mitry-Mory rejoints par ceux de Poissy disaient : « Face aux patrons, les ouvriers doivent être solidaires ! »

Après l'annonce du recul de la direction, la reprise du travail a été décidée. Le sentiment qui domine est la fierté. La plupart faisaient grève pour la première fois de leur vie. Et puis, gagner 500 euros en une journée, ce n'était encore jamais arrivé. Cela donne envie de recommencer !

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