La Poste : En guerre permanente contre ses salariés18/06/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/06/une2185.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

La Poste : En guerre permanente contre ses salariés

Conseils de discipline avec demandes de licenciement ou de révocation pour des faits liés à des conflits sociaux, poursuites contre des manifestants, voilà les dernières initiatives de la direction de La Poste, dont les menaces de sanction qui frappent des postiers des Hauts-de-Seine ne sont qu'un exemple. Mais ce ne sont ni des nouveautés ni des cas isolés. Depuis des années La Poste est à l'avant-garde des attaques contre les droits de ses 300 000 salariés.

Dans quasiment toutes les grandes entreprises du privé, les travailleurs en grève ne se voient pas interdire l'entrée de leur entreprise. Même Citroën laisse les grévistes défiler dans les ateliers, mais pas La Poste. Celle-ci les oblige, lors des conflits sociaux, à rester en-dehors des bureaux. Et pour faire appliquer « sa » loi, par exemple à Paris, elle mobilise son encadrement en guise de milice patronale pour s'opposer aux salariés.

De même, dans la plupart des bureaux de Paris, La Poste interdit, sous peine de sanctions graves, aux délégués syndicaux de base de tenir des assemblées de personnel à l'intérieur des lieux de travail. Seuls les permanents syndicaux s'y voient autorisés. Ne subsistent que les heures mensuelles d'information, aux heures choisies par la direction et à condition que les postiers fassent le travail de leur journée.

C'est bien le paradoxe. D'un côté, toute une série de postes de permanents et de détachements sont accordés aux appareils syndicaux. Les contacts sont continuels entre la direction centrale et les responsables syndicaux départementaux, régionaux, et encore plus nationaux. Et de l'autre, à la base, les dirigeants de La Poste se comportent comme bien des patrons du privé ne se le permettent pas.

Aujourd'hui, près de la moitié des effectifs de La Poste ont le statut de salariés du privé ; il n'y a plus d'embauche de fonctionnaires depuis des années. Mais pour les contrats de travail, La Poste, pendant des années, a violé les droits des salariés. On l'a vu avec les contrats à durée déterminée renouvelés, parfois des centaines de fois, alors que la loi n'autorisait qu'un seul renouvellement avant la conclusion en CDI ; ou encore avec l'invention d'un Contrat à durée indéterminée intermittent, CDII, mettant le salarié à la disposition permanente de La Poste, sans connaître son temps de travail exact, ni ses horaires ni donc son salaire au bout du mois, étant appelé parfois au téléphone pour venir sur-le-champ.

La Poste se refuse à reconnaître toute une partie des droits minimums qu'ont quand même les salariés du privé. Par exemple, concernant les plans de suppressions d'emplois, La Poste est en plan social permanent, avec la suppression déjà effective de plusieurs dizaines de milliers d'emplois et les dizaines de milliers d'autres à venir. Mais il n'y a pas de plan présenté ni de justification dite économique. La Poste fait ce qu'elle veut. Ainsi, dans une partie des filiales de La Poste, plusieurs milliers de salariés ont été jetés dehors, dans un silence complice. Et beaucoup n'ont eu que l'ANPE comme lieu d'arrivée.

Les permanents des fédérations syndicales sont peut-être mis dans la confidence de tout ou partie de ces plans, au cours des contacts et réunions auxquels ils sont conviés, et cela semble suffire à La Poste comme aux appareils syndicaux.

Ces innovations réactionnaires dans la première entreprise du pays, contrôlée par le gouvernement, sont aussi une façon d'ouvrir la voie à l'ensemble du patronat. Mais justement, l'arrogance et le mépris des dirigeants de La Poste pourraient bien se retourner contre eux si les 300 000 postiers faisaient front ensemble contre cette politique.

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