Dans les entreprises

General Motors - Strasbourg : Chantage à l'emploi pour faire baisser les salaires !

Depuis deux ans, l'usine General Motors de Strasbourg, qui fabrique des boîtes de vitesse essentiellement pour BMW et quelques marques de GM aux États-Unis, avait été mise en vente par l'ex-GM Corporation, dans le but de faire rentrer des liquidités. Strasbourg a été placée dans une structure, Motors Liquidation Company, dans laquelle GM a jeté les boîtes « pourries » après sa déclaration en faillite.

Les repreneurs ne se sont pas précipités, et malgré les annonces périodiques de la direction, jusqu'au début de ce mois de juin les prétendus candidats faisaient un petit tour et repartaient sans plus donner signe de vie !

Vendredi 11 juin, tout d'un coup, changement de musique : la direction distribuait un document « confidentiel » aux représentants au Comité d'entreprise, dans lequel elle explique, chiffres et graphiques à l'appui, que New GM, la partie de GM comprenant ce qui est considéré comme rentable, a « l'intention » de racheter l'usine de Strasbourg. Mais, pour que les négociations puissent avoir lieu, il faudrait d'abord que les conventions collectives soient renégociées avec les représentants du personnel. En clair, la reprise de l'usine par GM Automotive Holding SL, de droit espagnol, est conditionnée à la diminution des coûts du travail.

En conséquence, la direction veut obtenir une diminution de 10 % des coûts salariaux en gelant les salaires pour 2010 et en se fixant sur l'inflation pour les deux années suivantes. Cela suppose aussi l'allongement du temps de travail par la suppression de huit RTT sur 17, le reste étant à la disposition du patron, et les temps de pause ne seraient plus comptés comme temps de travail. Elle joue sur l'inquiétude des salariés de l'entreprise qui, depuis deux ans, ont eu droit au chômage partiel fin 2008 et les quatre premiers mois de 2009, à des licenciements déguisés en départs volontaires - 168 en 2008 et un plan en cours pour le départ de 198 personnes, essentiellement des ouvriers de fabrication. Le tout avec un alourdissement des charges de travail puisque la production est passée de 1 200 boîtes de vitesse à 1 500 ces trois derniers mois.

La direction espérait sans doute que les travailleurs allaient se contenter d'approuver ces nouvelles attaques en contrepartie de l'assurance de rester dans le giron de General Motors Company. Mais dès le 14 juin les militants de la CGT, au cours de réunions d'information qui ont regroupé la majorité des ouvriers de production, ont mis les points sur les i en expliquant le chantage de la direction qui, depuis deux ans, ne cesse de répéter que « si on bouge, on est mort ! » Et ils ont appelé les travailleurs à débrayer le mercredi 16 juin, au moment de la réunion de CE où la direction veut demander l'accord des délégués pour engager la procédure.

Rien ne prouve que les travailleurs de GM vont accepter en silence de se faire plumer une nouvelle fois.

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