Belgique : Des élections dominées par le communautarisme18/06/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/06/une2185.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Belgique : Des élections dominées par le communautarisme

Les élections en Belgique sont encore à la proportionnelle, avec un seuil à 5 %. Mais seuls les électeurs de Bruxelles et de 35 communes qui l'entourent (la fameuse circonscription BHV - Bruxelles-Hal-Vilvorde) ont le choix de voter pour les listes flamandes ou les listes francophones. En Flandre les électeurs ne peuvent voter que pour les listes flamandes et en Wallonie pour les listes francophones. Ce choix, imposé par les politiciens francophones en 1932 et encore en 1963 - plutôt que d'accepter le bilinguisme du pays -, permet aux candidats de se livrer à des surenchères communautaires entre le Nord et le Sud du pays... et ils ne s'en privent pas.

Depuis les années 1980, les différentes coalitions gouvernementales entre socialistes, chrétiens et libéraux, tant au niveau des trois gouvernements régionaux (Flandre, Wallonie et Bruxelles) qu'au niveau du gouvernement fédéral, ont toutes mené des politiques d'austérité. Les profits patronaux ont fortement augmenté, alors que les revenus des travailleurs reculaient et que les retraites s'effondraient. Mais le « communautaire » a régulièrement servi aux politiciens à masquer le soutien des intérêts patronaux au détriment de ceux des travailleurs. En Flandre, « les Wallons nous coûtent trop cher », en Wallonie, « les Flamands sont égoïstes » ont servi de justification à trente années d'austérité. Bien sûr, cela laisse des traces dans la population.

En Flandre, plusieurs partis ont joué sur la démagogie communautaire. Le parti d'extrême droite Vlaams Belang (VB, ex-Vlaams Blok) en a été le champion. Mais, avec ses origines pronazies revendiquées, le VB a toujours été maintenu hors des coalitions gouvernementales.

Cette année, avec ses 30 %, la NVA a devancé tous les autres partis, en récupérant des voix du VB et des partis traditionnels qui ont tous reculé. De cinq députés à la Chambre fédérale en 2007, la NVA est passée à 27 aujourd'hui. Une partie des électeurs de la NVA comptent certainement qu'un jour se réalise l'indépendance, ou l'autonomie complète de la Flandre, ou « l'évaporation de la Belgique dans l'Europe », selon diverses formules du leader de la NVA, Bart De Wever. Mais ce n'est qu'une minorité. Tous les sondages, avec les limites qu'on peut leur donner, indiquent au maximum 15 % de séparatistes en Flandre. Et toute une partie d'entre eux ont continué à voter pour le VB ou d'autres listes nationalistes.

En fait, la NVA a sans doute bénéficié d'un vote de rejet de tous les partis gouvernementaux, qui gesticulent beaucoup sur les problèmes communautaires mais n'ont pas osé passer à l'acte, ni scinder BHV, ni régionaliser la Sécurité sociale et les impôts des entreprises. C'est le cas du dernier Premier ministre CD&V (Démocratie chrétienne en Flandre), Yves Leterme, qui avait recueilli un franc succès électoral en 2007, et déclaré qu'il suffisait de « cinq minutes de courage politique » pour permettre la scission de BHV, devenu en Flandre le symbole du blocage des institutions belges par « les francophones », alors que les Flamands sont majoritaires (6 millions sur 10,5 millions). Leterme a échoué mais, après les multiples crises politiques de ces dernières années, tous les partis francophones se disent prêts maintenant à l'évolution des institutions... puisque « les Flamands le veulent » !

Partager