Heuliez : Les repreneurs se suivent et se ressemblent08/04/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/04/une2175.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Heuliez : Les repreneurs se suivent et se ressemblent

Finalement, le capitaliste turc qui devait « sauver » Heuliez, équipementier sous-traitant de l'industrie automobile reconverti en partie dans la fabrication de voitures électriques installé à Cerisay, dans les Deux-Sèvres, a fait faux bond. Son offre de rachat de 15 % du capital de l'entreprise, soit dix millions d'euros, au lieu des 20 millions d'euros promis initialement, a été jugée insuffisante.

Depuis octobre 2007, date à laquelle l'entreprise, au bord de la faillite, est passée sous le contrôle d'un administrateur judiciaire, c'est le quatrième repreneur potentiel qui fait ainsi défaut. Pour attirer les candidats à la reprise, Ségolène Royal, via le Conseil régional de Poitou-Charentes, a déjà apporté 5 millions d'euros de subventions à l'entreprise. Christian Estrosi, ministre de l'Industrie, a promis de son côté au nom de l'État au futur repreneur un versement de dix millions d'euros. C'est à qui pourra s'enorgueillir d'avoir « sauvé Heuliez », ou plus probablement d'avoir tenté de le faire... avec l'argent des contribuables.

Après cette nouvelle défection, chacun accuse l'autre d'avoir fait échouer la négociation et de compromettre la survie de l'entreprise. Ségolène Royal a déclaré qu'elle « reprenait en main la situation » et qu'elle se mettait à nouveau à la recherche d'investisseurs, lançant un appel aux « industriels de la croissance verte » et aux salariés de l'entreprise. Elle propose en effet la création d'une coopérative de production ouvrière, demandant aux délégués syndicaux de l'entreprise... de donner au personnel une information sur... l'actionnariat des salariés... C'est se moquer des travailleurs !

Les seuls qui ne soient pas sollicités pour venir au secours d'Heuliez - ni par le ministre ni par la présidente du Conseil régional - sont les anciens actionnaires de l'entreprise qui, sous prétexte de crise, sont partis avec la caisse. En effet le holding familial qui contrôlait l'entreprise s'est versé deux fois 560 000 euros de dividendes en 2006 et en 2007 ! Et ce sont aussi ses anciens donneurs d'ordres, les Peugeot, Citroën, Opel, etc. qui ont amassé pendant des années des milliards de profits sur le dos des salariés d'Heuliez. Ce sont eux qui, du jour au lendemain, en cessant leurs commandes, les ont plongés dans la crise. C'est eux qui ont l'argent, c'est à eux qu'il faut s'en prendre. Aujourd'hui, l'entreprise serait sous la menace d'une cessation de paiement. L'été dernier, 340 salariés d'Heuliez ont été licenciés. Pour les 640 qui restent, il y a urgence.

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