Vive la lutte des travailleurs de Total !24/02/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/02/une2169.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

Vive la lutte des travailleurs de Total !

Les travailleurs de Total ont répondu de la seule façon juste et appropriée à la décision révoltante du trust pétrolier de fermer l'usine de Dunkerque : par la grève illimitée de toutes les raffineries.

Total est le groupe industriel le plus riche du pays. Cette année encore, malgré la crise, il a déclaré près de huit milliards de profit. Une fraction modeste de ce profit suffirait à financer le maintien de l'emploi sans diminution de salaire, quitte à répartir le travail entre les différentes raffineries existantes et leurs travailleurs. Mais il n'en est pas question pour la direction de l'entreprise.

Dans une période de crise et de chômage massif, fermer la raffinerie de Dunkerque, c'est pousser vers la pauvreté ceux qui ont fait marcher l'usine et qui ont contribué à la richesse du trust. Et, aux travailleurs mis à la porte de Total, s'ajoutent ceux des sous-traitants, sans parler de ceux dont les revenus dépendent des dépenses des salariés.

Les dirigeants de Total, comme leurs semblables, sont des criminels irresponsables. Et les ministres qui s'agitent, mais ne font rien pour contraindre Total à revenir sur son projet, apparaissent pour ce qu'ils sont : de tristes pantins chargés de justifier l'injustifiable.

L'action des travailleurs de Total est plus que légitime, elle est nécessaire. En réagissant non pas au niveau d'une seule usine, celle dont les travailleurs sont directement attaqués, mais au niveau de l'ensemble des raffineries, en mettant en cause l'approvisionnement de l'ensemble des stations-service, ils menacent les actionnaires là où ils sont sensibles : au profit.

La grève ne mobilise pas, pour le moment, l'ensemble des travailleurs du secteur pétrolier. Mais elle montre la voie. C'est en allant jusqu'au bout sur cette voie qu'il est possible d'interdire les licenciements, en empêchant les licencieurs de licencier.

Il y a de quoi être indigné, révolté, devant la coïncidence, cette semaine, d'annonces de profits énormes dans les banques et dans les grandes entreprises, et de plans de licenciements et de projets de fermeture ou de délocalisation.

Six milliards de bénéfice pour la seule banque BNP, une des banques responsables de la crise financière ! Huit milliards et demi pour Sanofi ! Près de quatre pour Axa ! Ajouter ces bénéfices les uns aux autres aboutit à des sommes largement suffisantes pour maintenir les emplois et en créer de nouveaux. Mais pas un centime de ces sommes ne sert à cela. Elles sont distribuées aux actionnaires, souvent de grandes sociétés, qui ne les investissent pas mais les placent en opérations spéculatives.

Cette situation ne peut pas durer. Elle ne durera pas. On ne peut que souhaiter que ceux de Total ou encore ceux d'Ikea soient les hirondelles qui annoncent un printemps de lutte. Seules des luttes larges et massives feront reculer le grand patronat et le gouvernement.

Mais il est important que l'indignation qui monte dans le monde du travail et dans les classes populaires s'exprime aussi dans les élections qui viennent. Ce n'est pas que les résultats des régionales changeront les choses sur les questions qui sont vitales pour les travailleurs, comme les licenciements et les bas salaires. Mais il n'y a aucune raison de laisser la campagne électorale ronronner autour de discours de politiciens, sans même que se fasse entendre une voix dissonante venant du monde du travail.

Les listes Lutte Ouvrière présentes dans ces régionales ne participent en rien à la rivalité entre les partis politiques pour se répartir les directions des régions. Le vote pour les listes Lutte Ouvrière sera interprété comme un cri de colère venant de ceux, salariés, chômeurs, retraités, qui sont victimes de la crise et conscients que ce n'est pas à eux de la payer alors que la responsabilité en incombe totalement aux banquiers, aux grands capitalistes.

Ce sera aussi un vote en faveur d'objectifs qu'il serait souhaitable de mettre en avant dans les luttes futures. Il faut interdire les licenciements et répartir le travail entre tous sans diminution de salaire. Il faut soumettre au contrôle de la population laborieuse les dirigeants actuels de l'économie, les grands patrons licencieurs et les banquiers irresponsables.

Alors, exprimez la colère qui monte dans le monde du travail en votant pour les listes Lutte Ouvrière !

Arlette LAGUILLER

Éditorial des bulletins d'entreprises du 22 février

Cet éditorial a été rédigé le lundi 22 février, et il ne pouvait évidemment pas prendre en compte l'évolution du conflit Total depuis cette date. Mais quels que soient la raison et les calculs qui ont amené la direction de la CGT Pétrochimie à suspendre le mouvement, il n'en reste pas moins que la généralisation de la lutte à laquelle elle a appelé était la meilleur réponse à apporter à Total et au gouvernement.

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