Éducation nationale : Non aux suppressions de postes !24/02/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/02/une2169.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Éducation nationale : Non aux suppressions de postes !

Le jeudi 18 février a eu lieu à Paris la dernière manifestation des enseignants, avant les vacances scolaires de la zone. Quelque 5 000 enseignants de l'académie de Créteil se sont de nouveau retrouvés dans la rue pour crier leur colère contre les 16 000 suppressions de postes programmées pour la rentrée prochaine, alors qu'il est prévu d'accueillir 45 000 élèves supplémentaires dans le pays. Cette manifestation a rassemblé trois fois plus de grévistes que lors des manifestations précédentes, les jeudi 11 et mardi 16 février.

La grève s'était étendue non seulement dans les collèges et les lycées du second degré, touchant plus d'une centaine d'entre eux, mais également dans le premier degré, puisqu'elle a touché près de quatre-vingts écoles dont de nombreuses ont dû être fermées.

Une manifestation réussie devant le ministère...

La manifestation a été un franc succès : elle reflétait la diversité du mouvement et le caractère spontané d'une grève partie de la base, avec ses banderoles fabriquées à la hâte, ses slogans repris en choeur, ses chansons contre le ministre, sa bonne humeur et sa colère. La banderole de l'assemblée générale des grévistes d'Ile-de-France, en tête à côté de celles des organisations syndicales, rappelait l'une des principales revendications de la grève : « Non aux suppressions de postes, non aux réformes ». L'un des slogans les plus populaires parmi les professeurs en grève, mais aussi parmi les lycéens présents, étaient : « Chatel, voleur ! Rends-nous nos postes ! », ou encore « Chatel, retourne chez L'Oréal ! On veut pas d'une école libérale ! » (Chatel étant un ancien DRH de chez L'Oréal). Enfin, dernier slogan très repris « Il nous faut 80 000 postes, du personnel et des formations ! » Et la chanson emblématique du mouvement, « Casse-toi Chatel », était reprise en choeur par les grévistes, voire fredonnée... par certains responsables syndicaux !

Jeudi 18 au soir, de nombreux grévistes envisageaient de reconduire le mouvement lors de la rentrée scolaire de l'académie de Créteil, le 8 mars prochain, espérant qu'entre-temps la réussite de la journée de grève et de manifestation entraînera la mobilisation des autres académies qui ont repris les cours à la fin de leurs périodes de congés.

... grâce aux « équipes mobiles de grève »

Depuis que le mouvement a démarré, le lundi 1er février, dans le collège et le lycée Henri-Wallon d'Aubervilliers, sur la base d'un ras-le-bol des conditions de travail qui se dégradent, des suppressions de postes qui se multiplient tous les ans, de la précarité qui s'installe à tous les niveaux de l'Éducation nationale, de nombreux enseignants ont perçu que la force de ce mouvement a été de partir de la base, d'être contrôlé par les grévistes qui, réunis en assemblées générales, ont organisé depuis le début son élargissement.

Par groupes de dizaines de grévistes, les « équipes mobiles de grève » se sont mises en place par établissement, par quartier, par ville. Tel professeur gréviste qui possédait un contact dans un autre établissement appelait un collègue, lui demandait d'organiser un petit comité d'accueil pour discuter avec dix, vingt, parfois trente grévistes venus du lycée d'à côté ou d'un peu plus loin. Tel autre organisait une visite dans son ancien lycée, en banlieue ou sur Paris.

C'est ainsi que la grève a fait tache d'huile. Le parti pris des grévistes de s'adresser aux autres collègues, du primaire comme du secondaire, avec des revendications unificatrices refusant les suppressions de postes, la précarité, et réclamant en même temps une embauche massive de personnel, a fait de ce mouvement naissant un mouvement compris et bien accueilli par les élèves, les parents d'élèves et la population, comme l'ont montré les nombreux gestes de solidarité à l'égard des grévistes.

De deux établissements scolaires mobilisés le 1er février, la grève en a touché 12 le 4 février, 45 le 9 février, 90 le 11 février et près de 180 le 18 février. La première manifestation a regroupé 200 grévistes, et la dernière, avant les vacances scolaires, près de 5 000 ! C'est un succès et un gage pour l'avenir, même si ce mouvement reste encore fragile et minoritaire au regard des établissements scolaires concernés par les revendications nationales qu'il porte.

Les organisations syndicales de l'enseignement appellent à une journée de grève nationale le vendredi 12 mars. Les grévistes sont conscients que, pour changer le rapport de forces pour contrer les mauvais coups du gouvernement, il faudrait que le mouvement se renforce dans les semaines à venir, s'étende et passe le cap d'une simple journée de grève nationale. Rendez-vous donc à la rentrée.

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