Côte d'Ivoire : Tandis que la misère s'étend, nouveau coup de force de Gbagbo24/02/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/02/une2169.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Côte d'Ivoire : Tandis que la misère s'étend, nouveau coup de force de Gbagbo

En Côte d'Ivoire, ces jours derniers, l'armée a ouvert le feu sur des manifestants, faisant selon les chiffres officiels cinq morts et une dizaine de blessés à Gagnoa, deux morts et plus d'une quinzaine de blessés à Daloa, centre de production du cacao dont le pays est le premier producteur mondial, et au moins deux morts à Abobo dans la banlieue d'Abidjan, où les policiers ont poursuivi les manifestants jusque dans les maisons.

Ces manifestations font suite à la dissolution par le président ivoirien Laurent Gbagbo du gouvernement et de la Commission électorale indépendante (CEI), le 12 février. Cette dissolution entraîne un nouveau report de l'élection présidentielle, prévue pour le mois de mars et déjà repoussée à plusieurs reprises depuis 2005.

Ce nouveau coup de force de Gbagbo fait suite à une campagne, entamée depuis plusieurs semaines, prenant pour cible le président de la CEI, membre de l'opposition, l'accusant d'avoir voulu ajouter sur les listes électorales 429 000 personnes qui ne seraient pas des Ivoiriens « de souche ». Des dirigeants du parti au pouvoir en profitaient pour renouer avec des propos nauséabonds sur l'« ivoirité » et les « étrangers », désignant à la vindicte des « citoyens ivoiriens » les personnes ayant un nom à consonance malienne, qui essaieraient ainsi de peser sur les résultats du scrutin.

En fait Gbagbo, qui a tous les leviers du pouvoir entre les mains depuis dix ans, n'a aucune raison de se presser d'organiser un scrutin présidentiel qui pourrait l'éloigner de la mangeoire, lui et son clan. Quant aux adversaires qui lorgnent sa place, ils protestent contre ce nouvel ajournement des élections, mais ils se gardent bien de dire clairement que tous ceux qui sont inscrits devraient avoir le droit de voter. Ils ont bien trop peur d'être accusés de vouloir faire passer des « étrangers » pour des « Ivoiriens ».

Elections ou pas, la population, elle, s'enfonce chaque jour un peu plus dans le chômage et la pauvreté, voit son pouvoir d'achat ruiné par la flambée des prix et ses conditions de vie s'aggraver du fait du délabrement des services publics, comme la distribution de l'eau et de l'électricité, tandis que ceux qui sont à la tête des entreprises privées ou haut placés dans l'appareil d'État vivent luxueusement, en payant à bas prix leurs salariés pour les uns, en puisant à pleines mains dans les caisses pour les autres.

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