Leur société

Lycée professionnel L'Acheuléen - Amiens : Mobilisation contre la violence

Jeudi 4 février, la quasi-totalité des enseignants, mais aussi des conseillers d'éducation et des secrétaires de direction de ce lycée d'Amiens, ont exercé leur droit de retrait.

Depuis une dizaine de jours, plusieurs incidents s'étaient succédé : agression physique violente de trois agents du lycée devant les grilles par une bande venue exercer des représailles ; mauvaise plaisanterie d'un élève à l'atelier ; agressions sexuelles dans l'internat ; injures et jets de projectiles quotidiens en direction du personnel dans et hors des classes.

L'attitude du proviseur avait particulièrement choqué : il n'avait jamais pris de nouvelles des collègues sérieusement molestés et n'avait pas porté plainte contre leurs agresseurs, ce qui a pour conséquence de laisser les frais d'avocats à la charge des victimes.

Dans les ateliers de menuiserie, faute de chauffage, les élèves doivent travailler avec les doigts gourds sur des machines à découper le bois, ce qui les met en danger. Faute d'ordinateurs, les apprentis architectes perdent une année. Les professeurs de physique-chimie laissés sans matériel se voient conseiller d'« arrêter de faire de la chimie ». En revanche, le chef d'établissement est très pointilleux quand il s'agit d'appliquer les consignes du ministère pour harceler et fragiliser le personnel, afin de le préparer à accepter les mauvais coups du gouvernement.

Convoqués individuellement pour se voir reprocher de ne pas remplir une énième tâche administrative supplémentaire, les enseignants ont donc décidé d'aller dans son bureau en groupe, afin de renverser les rôles et lui demander des comptes. Quelques jours plus tard avait lieu le débrayage au cours duquel nous sommes allés à la rencontre de la rectrice. Celle-ci avait convoqué le proviseur à qui elle avait reproché son manque de communication avec le personnel, tandis qu'en aparté elle lui reprochait son manque de savoir-faire pour étouffer notre action, relayée par la télévision locale et la radio.

La rectrice a refusé de revenir sur les trois à quatre suppressions de postes pour l'an prochain et a seulement promis la venue de l'équipe mobile d'intervention composée de quelques animateurs sociaux et de policiers qui se postent aux abords d'un lycée pour une semaine ou deux avant de l'abandonner pour un autre établissement, dès que survient un nouvel incident.

Cette journée a pourtant permis de marquer le coup, de recréer une forte solidarité entre tout le personnel et d'envisager d'autres actions pour après les vacances.

Partager