Lycée Adolphe-Chérioux - Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne) : Après 7 jours de mobilisation, la détermination reste intacte12/02/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/02/une2167.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Lycée Adolphe-Chérioux - Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne) : Après 7 jours de mobilisation, la détermination reste intacte

Depuis que mardi 2 février, un élève a été agressé par des jeunes venus de l'extérieur et qu'un coup de feu a été tiré, les cours n'ont pas repris au lycée Chérioux de Vitry.

Ce lycée de 1 400 élèves et 180 enseignants se compose de plusieurs bâtiments dispersés dans un parc de 40 hectares qui accueille entre autres un collège, un IUT et le Conseil général du Val-de-Marne. Il existe donc de multiples entrées.

Or, pour encadrer les élèves, il y a 4 conseillers principaux d'éducation et ... 11,5 assistants d'éducation ! Résultat : le foyer des élèves est fermé depuis des années, il n'y a pas de salles de permanence surveillées ; les élèves s'installent comme ils peuvent dans les couloirs ou les escaliers pour travailler, manger le midi ou simplement ne pas rester sous la pluie. Quant au parc, il est surveillé par deux vigiles embauchés par le Conseil général, l'Éducation nationale considérant qu'elle n'a pas à s'en occuper !

Comme dans bien des établissements scolaires situés dans des quartiers difficiles, la violence entre les élèves est quotidienne. Les altercations entre jeunes et adultes sont, elles aussi, monnaie courante et sont allées jusqu'aux agressions physiques à deux reprises cette année.

Dans ce contexte, l'agression du 2 février a fait éclater l'exaspération des enseignants, déterminés cette fois-ci à ne pas « enterrer l'affaire » et à se mobiliser pour obtenir des moyens humains supplémentaires. Le doublement de l'équipe d'assistants d'éducation a été jugé un minimum.

Dès le mardi, une délégation de 11 enseignants s'est invitée au rectorat. Deux jours après, le recteur a opéré un premier recul en proposant la création de deux postes de surveillants plus six postes de salariés précaires et à mi-temps. Le lendemain, en assemblée générale, nous avons jugé ces propositions insuffisantes, condamnant la précarité toujours plus grande orchestrée par l'Éducation nationale et décidé la poursuite du mouvement.

Depuis le début, la mobilisation ne faiblit pas, soutenue par des élèves et des parents. Chaque jour, matin et après-midi, nous sommes 70 à 80 dans les assemblées générales et votons à l'unanimité la reconduite du mouvement. Si le ministère pensait que la mobilisation ne passerait pas le week-end, il en a été pour ses frais. Lundi matin 8 février, la détermination était intacte et face au nouveau refus du rectorat d'accorder davantage, il a été décidé de s'adresser plus haut et d'aller au ministère de l'Éducation.

Mardi 9, c'est cette fois Luc Chatel qui a reçu notre délégation pendant que, sous les fenêtres du ministère, enseignants et élèves scandaient des slogans. Mais, d'après lui, le seul fait d'avoir été reçu par le ministre aurait dû nous satisfaire, et rien de concret n'est sorti de cet entretien.

Mais on peut parier que le ministère ne s'attendait pas aux décisions de l'assemblée générale qui a suivi. En effet, son inflexibilité n'a pas démoralisé les enseignants. Et c'est de nouveau à la quasi-unanimité des 80 présents que la poursuite du mouvement a été votée. Un rassemblement a été décidé pour le lendemain devant l'Assemblée nationale afin d'interpeller les parlementaires et la grève votée pour le jeudi 11, afin de rejoindre la manifestation enseignante organisée dans l'académie, dont les principales revendications sont l'arrêt du massacre des emplois dans l'Éducation nationale, politique qui a amené dans l'établissement à cette situation insupportable que nous vivons.

Alors, à Chérioux, le bras de fer continue.

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