La loi Loppsi II : Pour le gouvernement, la sécurité est plus un thème de campagne qu'un souci12/02/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/02/une2167.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

La loi Loppsi II : Pour le gouvernement, la sécurité est plus un thème de campagne qu'un souci

La loi Loppsi II, présentée par le ministre de l'Intérieur Hortefeux, a été soumise à l'Assemblée nationale le mardi 9 février. Véritable fourre-tout de mesures se rapportant à la « sécurité intérieure », elle touche aussi bien au code de la route qu'à la délinquance des jeunes... ou aux problèmes d'inhumation dans les terres arctiques !

Sa programmation, cinq semaines avant les élections régionales, n'est certainement pas un hasard, la sécurité étant un des thèmes favoris de l'UMP pour récupérer les voix d'extrême droite. Et on peut parier que le gouvernement insistera d'autant plus sur les mesures sécuritaires qu'il a prises, que le débat sur l'identité nationale n'a débouché sur rien.

Sous prétexte d'assurer la sécurité des personnes, la loi renforce la répression plus qu'elle ne vise la prévention et accentue le flicage de la population, avec tous les dérapages qui lui sont liés. Par rapport à la précédente loi Lopsi (avec un seul p) d'août 2002, concoctée par Sarkozy lorsqu'il était ministre de l'Intérieur, cette seconde mouture s'est alourdie au fil du temps d'articles sensés répondre au moindre fait-divers crapuleux ou à un problème local de violence.

Ainsi, les préfets auront la possibilité d'instaurer un couvre-feu pour les mineurs de 13 ans entre 23 h et 6 h, ce qui légalisera et généralisera une pratique déjà utilisée par quelques maires de droite. Et si les parents d'un mineur refusent de signer un contrat de responsabilité parentale, le président du Conseil général pourra alors ordonner la suspension du versement des allocations familiales ; et comme la plupart des jeunes à problèmes vivent dans des quartiers populaires où la vie est déjà difficile, cela ajoutera un nouveau problème à leurs parents en les frappant au porte-monnaie au lieu de les aider.

La loi prévoit aussi d'étendre la vidéo-surveillance - rebaptisée vidéo-protection - sur la voie publique, et la possibilité de la confier à des entreprises privées. De plus, les préfets pourront autoriser l'installation de caméras en cas de « manifestations ou rassemblements de grande ampleur présentant des risques pour l'ordre public », ce qui peut se rapporter autant aux matches de foot avec les supporters racistes et violents qu'aux manifestations de travailleurs... Quant à l'autorisation de filtrage de sites Internet, elle aussi est à double tranchant : si le filtrage peut peut-être freiner la diffusion de la pédo-pornographie, il peut tout autant toucher des sites qui auraient le malheur de se montrer irrespectueux envers les autorités ou les « grands » de ce pays.

Les mesures sécuritaires ne servent pas à grand-chose tant qu'on ne s'attaque pas aux causes de l'insécurité : le chômage, la misère matérielle et morale dans laquelle vit une fraction toujours plus grande de la population. Et le fait que, plus de huit ans après la première loi Lopsi, il faille en publier une seconde, montre bien son inefficacité. Mais pour le gouvernement, le souci n'est pas tant la tranquillité des personnes que de ramasser les voix des électeurs qui pensent que seule une répression accrue leur permettra de vivre en sécurité.

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