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Italie : Une mesure de plus contre les immigrés

Le ministre de l'Intérieur italien, Roberto Maroni, a annoncé l'institution d'un permis de séjour à points pour les étrangers non ressortissants de l'Union européenne.

Ce permis, valable deux ans, devra totaliser trente points à la fin de cette période pour être renouvelé. L'immigré devra apprendre l'italien, connaître la Constitution italienne, être inscrit auprès des services sanitaires, scolariser ses enfants, être en règle avec le fisc. Le succès à l'examen d'italien organisé par les universités lui rapportera par exemple vingt-deux points, les autres obligations lui vaudront des points supplémentaires. Mais s'il a des problèmes avec la justice, il perdra des points, ou sera expulsé si la peine dépasse trois mois de prison. Si son enfant redouble son année scolaire, il risque de perdre cinq points. S'il n'a pas obtenu ou conservé ses trente points au bout de deux ans, il aura un an de sursis pour se mettre en règle sinon il se retrouvera expulsé. Le ministre l'a dit sans détours : « S'il le fait, je lui donne le permis de séjour. S'il ne le fait pas, cela signifie qu'il ne veut pas s'intégrer. Alors, dehors ! »

Maroni appartient au parti régionaliste et xénophobe, particulièrement anti-immigrés, de la Ligue du Nord. Le chef de ce parti, Umberto Bossi, allié à l'ex-fasciste Gianfranco Fini, a déjà fait passer en 2001 la loi sur l'immigration dite « Bossi-Fini », qui a rendu la vie impossible aux travailleurs immigrés : le permis de séjour est étroitement lié à l'emploi et perdre son travail signifie perdre son droit à rester sur le territoire italien ; de plus, tout retour irrégulier est devenu un délit, punissable de six à douze mois de prison, voire de quatre ans, s'il s'agit d'une troisième entrée irrégulière.

Maroni a déclaré, lors des violences contre les travailleurs africains en Calabre, que ces émeutes étaient dues à « une trop grande tolérance vis-à-vis de l'immigration » et il présente son permis comme une réponse à une situation d'urgence. Il est évident que ces conditions, que bien des Italiens seraient eux-mêmes incapables de remplir, ne sont qu'une barrière supplémentaire et un moyen de renvoyer dans l'illégalité une masse encore plus grande de travailleurs immigrés. Le patronat italien a besoin de ces travailleurs obligés d'accepter, sous la pression permanente des patrons, de la police et souvent de la Mafia, des conditions de vie et de travail inhumaines. La facilité pour les expulser fournit aux patrons un moyen de chantage supplémentaire.

Ce décret permet aussi au gouvernement Berlusconi et à ses composantes les plus à droite de donner libre cours à une démagogie xénophobe qui, en ces temps de crise et à l'approche des élections régionales prévues en mars, peut s'avérer payante. Mais, en creusant un peu plus le fossé entre travailleurs italiens et immigrés, il n'aboutira qu'à renforcer la pression patronale sur l'ensemble de la classe ouvrière.

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