Des chasses du roi Louis à celles de Nicolas12/02/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/02/une2167.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Des chasses du roi Louis à celles de Nicolas

Le 5 février, une trentaine d'heureux élus ont pris part à une chasse au gros gibier offerte par le président Sarkozy dans le parc de Chambord. Ni les noms des participants, ni le tableau de chasse, ni le menu du repas offert au château, illuminé pour l'occasion, ni bien entendu le coût de cette petite sauterie n'ont été révélés. Cela reste du domaine réservé du président, qui a le droit de régaler qui il veut, de récompenser ou d'acheter qui lui semble utile, de faire se rencontrer qui lui plaît. C'est un cadeau que le chef de l'État fait à ceux dont il défend les intérêts, en même temps qu'un loisir que le prince offre à ses courtisans et obligés, et le bas peuple n'a pas à en connaître.

Ces chasses sont l'occasion de faire se rencontrer les gros industriels et leurs futurs clients, des hauts fonctionnaires et ceux qu'ils auront à servir, des politiciens en quête de décorations ou d'une place pour eux ou un rejeton et ceux qui peuvent les leur offrir. Il s'agit de commencer ou de continuer, dans une ambiance agréable et loin des yeux du public, des conversations et des affaires qui se concluront officiellement dans les cabinets ministériels et les conseils d'administration des grands groupes. Le tableau de chasse n'est pas tant constitué de cerfs égorgés et de sangliers fusillés - quoique ceux-ci payent aussi leur part - que de contrats conclus et d'alliances passées entre gens du même monde.

Ce n'est évidemment pas le seul endroit où ce petit milieu se retrouve. Mais cette chasse présidentielle et son côté monarchique suranné ont le mérite d'éclairer le rôle réel des présidents de la République en général et de Sarkozy en particulier : celui de rabatteur, si ce n'est d'entremetteur, pour les affaires petites et grandes des bourgeois.

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