Continental : Succès de la mobilisation, peines allégées et désaveu du gouvernement12/02/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/02/une2167.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Continental : Succès de la mobilisation, peines allégées et désaveu du gouvernement

Vendredi 5 février la cour d'appel d'Amiens a rendu son verdict sur les demandes de condamnation de l'État à l'encontre des six salariés de Continental, accusés de dégradation lors de la manifestation du mois d'avril à la sous-préfecture de Compiègne.

Les peines de trois à cinq mois de prison avec sursis prononcées par le tribunal de Compiègne en septembre 2009 sont annulées. Les salariés poursuivis sont condamnés à de simples amendes : 4 000 euros pour Xavier Mathieu, le porte-parole du mouvement, 2 000 euros pour les cinq autres. Ces condamnations minorées ne sont évidemment pas inscrites au casier judiciaire. Quant aux dommages et intérêts civils réclamés par l'État, l'affaire est renvoyée au tribunal de Compiègne.

La simple justice, l'application stricte du droit, auraient dû entraîner la relaxe pure et simple des salariés poursuivis mais, depuis le début, ces procès sont des procès politiques qui, pour le pouvoir, avaient valeur d'exemple. Aussi ce jugement est un point marqué pour les travailleurs en lutte et un camouflet pour le gouvernement qui avait initié ces poursuites. Il faut se rappeler qu'Alliot-Marie et Fillon avaient réclamé en avril 2009 des incarcérations et des peines exemplaires.

C'est la mobilisation sans faille des 1 120 travailleurs de l'usine Continental-Clairoix que les juges ont prise en compte. Pendant huit mois après la signature définitive des accords qui aboutissaient à garantir 27 mois de contrat de travail, la protection des salariés de cinquante et un ans et demi et des indemnités de licenciement qui vont s'étaler de 50 000 à 150 000 euros, la mobilisation n'a jamais faibli. Le comité de lutte a continué son travail sans relâche : assemblées générales régulières de plusieurs centaines de travailleurs, manifestations, rassemblements de Paris à Amiens en passant par Compiègne, pour défendre leurs camarades mais aussi aux côtés des autres travailleurs en lutte.

C'est tout cela qui a rendu si populaire la lutte des travailleurs de Continental, malgré l'abandon de toutes les directions des confédérations syndicales, à l'exception de Solidaires et de la FSU. Et c'est cette popularité parmi le monde ouvrier qui a permis de rassembler au procès des représentants de tous les partis de gauche sans exception, avec la fédération de la chimie CGT, le Syndicat de la magistrature et la Ligue des droits de l'homme, pour demander la relaxe des six salariés condamnés en première instance. Cette mobilisation a pesé, le procureur de la République lui-même l'a reconnu au cours de l'audience.

Après les 1 500 personnes du 13 janvier lors du procès, plusieurs centaines de manifestants, venus d'abord de Continental mais aussi de multiples entreprises, étaient encore présents au matin du 5 février, pour le verdict, rassemblées devant le palais de justice. Xavier Mathieu, Jean-Michel Petit, secrétaire général de la fédération chimie CGT, Christian Mahieux, secrétaire général de Solidaires, Roland Szpirko et Arlette Laguiller de Lutte Ouvrière, Olivier Besancenot du NPA, une représentante du Parti de Gauche, Thierry Aury pour le PCF et enfin François Ferrieux, le conseiller général socialiste, ont pris la parole. Marie-France Dufresne-Castets, l'avocate qui a assuré la défense des salariés poursuivis, est également intervenue.

Les travailleurs de Continental, avec leur comité de lutte, restent mobilisés pour le jugement qui devrait se tenir en avril à Compiègne, sur les dommages que l'État pourrait avoir le culot de réclamer encore aux six salariés.

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