Attaques contre les fonctionnaires, et économies sur les services publics12/02/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/02/une2167.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Attaques contre les fonctionnaires, et économies sur les services publics

Les fonctionnaires font actuellement l'objet d'attaques de la part du gouvernement qui, toutes, vont dans le même sens : faire des économies sur les services publics.

Le Premier ministre Fillon parle de revoir le calcul de leurs retraites, en allongeant la période de référence qui sert de base au montant de leurs pensions pour la rapprocher de celles du privé, par mesure « d'équité », dit-il. Et dans l'immédiat, le décret qui prévoit le licenciement d'un fonctionnaire s'il refuse trois offres d'emploi lorsque son poste est supprimé, devait être validé le 11 février.

Opposer les travailleurs du secteur privé à ceux du public est une vieille ficelle maintes fois utilisée par les gouvernements, pour s'en prendre successivement aux deux catégories. En outre, désigner les fonctionnaires en prétendant qu'ils sont des privilégiés renforce les préjugés que la droite réactionnaire se plaît à propager, et encore plus en période électorale.

Mais si le gouvernement utilise à plein ce type de démagogie, le décret pris vise avant tout à continuer à adapter le fonctionnement des services publics aux suppressions d'emplois programmées. Près de 100 000 postes de fonctionnaires ont disparu depuis trois ans, et ce n'est pas fini. Toutes les administrations sont touchées, sur l'ensemble du territoire. Alors, pour que les services publics puissent continuer à fonctionner tant bien que mal, il est nécessaire pour le gouvernement de réussir à imposer une certaine mobilité aux fonctionnaires, tant sur le plan géographique que des qualifications.

Fillon a juré ses grands dieux qu'on ne demanderait pas au fonctionnaire dont le poste est supprimé de déménager ni de changer de métier. Il faudrait être bien naïf pour prêter foi à ces promesses gouvernementales, et croire que l'emploi proposé correspondra trait pour trait à celui que le salarié quittera car, sinon, pourquoi supprimer ce poste ? Il est évident aussi que le choix sera d'autant plus restreint qu'il y aura plus de postes qui disparaîtront, et Fillon le sait très bien.

Le gouvernement dit par ailleurs qu'il n'a rien inventé : une loi de 1984, votée sous un gouvernement de gauche, prévoyait déjà la possibilité de licencier des fonctionnaires. Mais c'était dans le cas où ils étaient accusés d'avoir commis une « faute grave », et leur cas était discuté en commission paritaire en présence des syndicats. Là, c'est l'État qui supprime leur poste et, par ce décret, rejette hypocritement sur les salariés la responsabilité de leur licenciement !

Le ministre de l'Économie Éric Woerth a de son côté été bien plus direct et méprisant : « Si une personne refuse une troisième proposition, c'est qu'au fond elle n'a plus envie de travailler dans l'administration », a-t-il déclaré, il n'y a donc « pas de raison que l'administration continue à ce moment-là de payer ».

Voilà la façon dont le gouvernement veut réduire les dépenses publiques, en diminuant le nombre de fonctionnaires et en aggravant, sous la menace de licenciement, les conditions de travail de ceux qui sont en place. À travers les fonctionnaires, il s'en prend aux services publics qui vont encore plus se détériorer, et à l'ensemble de la population.

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