Procès de dix sans-papiers : C'est la politique du gouvernement qui allume les incendies21/01/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/01/une2164.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Procès de dix sans-papiers : C'est la politique du gouvernement qui allume les incendies

Dix étrangers sans papiers vont comparaître au tribunal de grande instance de Paris, dans l'île de la Cité, les 25, 26 et 27 janvier. Ils sont accusés d'avoir, en juin 2008, allumé des incendies ayant entraîné la destruction de deux bâtiments du centre de rétention administrative de Vincennes.

Le CRA de Vincennes était le plus grand de France. Là s'entassaient jusqu'à 280 personnes, raflées dans la rue ou à leur travail et retenues en attendant leur expulsion ou, beaucoup plus rarement, leur régularisation. Les conditions de détention y étaient ignobles, comme dans tous les centres, avec une mauvaise hygiène, des brutalités policières fréquentes, le désespoir de ceux qui, souvent après des années de présence en France, s'attendent à être expulsés en laissant leur famille derrière eux.

Dans cette situation explosive, le 21 juin 2008, un retenu tunisien de 41 ans mourait d'une crise cardiaque, après avoir réclamé en vain ses médicaments. Le lendemain, les retenus se rassemblèrent en une marche silencieuse, vite réprimée par la police, ce qui entraîna leur révolte. C'est à ce moment que des incendies se déclenchèrent.

Les avocats des accusés dénoncent une instruction menée uniquement à charge, où les accusés sont traités comme de simples délinquants. Toutes leurs demandes de complément d'enquête ont été rejetées, notamment sur la mort du retenu tunisien, la vitesse de propagation du feu ou tout autre élément pouvant mettre en cause la responsabilité des pouvoirs publics dans les événements de ces deux jours. Ils s'élèvent aussi contre le fait que dix personnes ont été désignées sur la foi d'indices non probants, la justice ayant choisi de faire payer des boucs émissaires pour une révolte qui fut collective.

Les rafles contre les sans-papiers, dont le seul « délit » est de vouloir trouver du travail, ainsi que l'existence des centres de rétention où on les parque en attendant de les expulser sont une honte. La politique du gouvernement a amené la révolte des étrangers retenus à Vincennes. Ce n'est pas à eux, et encore moins aux dix inculpés désignés, de payer pour ce qu'ils ont été obligés de subir.

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