Occupation d'un hôtel particulier, à Paris : Oui, il y urgence en matière de logement !21/01/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/01/une2164.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Occupation d'un hôtel particulier, à Paris : Oui, il y urgence en matière de logement !

« On reste, on fait appel et on résiste ! » C'est la décision prise, après que le tribunal d'instance a ordonné leur expulsion, par les étudiants et travailleurs précaires qui occupent depuis plus de deux mois un hôtel particulier du Marais à Paris... inhabité depuis quarante-cinq ans.

L'occupation a eu lieu à l'appel de Jeudi Noir, une association qui lutte pour le droit au logement et qui s'est ainsi nommée parce que le jeudi, jour de parution du journal De particulier à particulier, est pour tous ceux qui recherchent un logement une journée noire de chasse aux petites annonces. Quant à l'immeuble, construit au XVIIe siècle dans le Marais sur la très chic place des Vosges, il n'a pas été choisi au hasard : c'est là qu'est née la marquise de Sévigné. Belle manière d'exprimer qu'en matière de logement, décidément et contrairement à la chanson, non ! tout ne va pas très bien, madame la Marquise !

L'immeuble de 1 200 m2 habitables, acheté en 1963 par une riche héritière aujourd'hui âgée de 87 ans et qui réside en maison de retraite, n'a jamais été occupé depuis 1965. Depuis la fin du mois d'octobre, à l'appel de Jeudi Noir, une trentaine d'étudiants et de travailleurs précaires en ont donc fait leur résidence. Un moyen de se loger, mais aussi de dénoncer le manque criant de logements, alors que des immeubles et des appartements sont vacants depuis des années, voire des dizaines d'années.

À la suite des poursuites engagées par la tutrice de la propriétaire de l'hôtel particulier, lundi 17 janvier le tribunal a ordonné l'expulsion des occupants sous huit jours, au besoin avec l'aide de la force publique s'ils n'obtempèrent pas.

Les occupants ont décidé de rester et de faire appel. « On n'est pas là pour se plaindre. L'idée n'est pas d'alerter sur notre situation, mais sur la situation qui est faite aux 118 000 foyers qui sont menacés d'expulsion après le 15 mars, à la fin de la trêve hivernale. » Et ils dénoncent la catastrophe sociale que représente la situation du logement dans le pays. Ils ont raison, il y a urgence !

On compte plus de trois millions de mal-logés et près de 200 000 sans domicile du tout. Il y a plus d'un million d'inscrits sur les listes d'attente des HLM. Plus d'un million et demi de logements sont vacants, mais le gouvernement se refuse à les réquisitionner afin de ne pas heurter les intérêts des propriétaires.

Pour répondre à cette urgence, il faudrait mettre en chantier des centaines de milliers de logements. Il y faudrait une intervention massive de l'État pour réquisitionner les terrains indispensables - comme il sait le faire pour construire des autoroutes ou des lignes de TGV - et aussi pour débloquer les fonds sur l'argent public et pour embaucher toutes les compétences, tous les bras nécessaires à la réalisation d'un tel programme.

C'est une priorité qu'il faudrait imposer à ce gouvernement !

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