Après plusieurs tentatives de suicide : Pôle emploi au bord de l'explosion ?09/12/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/12/une2158.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Après plusieurs tentatives de suicide : Pôle emploi au bord de l'explosion ?

Selon Le Parisien, au cours des deux dernières semaines, quatre employés de Pôle emploi auraient tenté de se suicider par ingestion de médicaments. Il faut y ajouter cinq autres tentatives de suicide depuis le début de l'année.

Depuis janvier dernier, Pôle emploi, né de la fusion des ANPE et des Assedic, avance à marche forcée, d'autant plus difficilement qu'à la fusion, déjà complexe par elle-même, est venue s'ajouter la crise qui a conduit plusieurs centaines de milliers de nouveaux chômeurs vers ses bureaux.

La fusion de l'ANPE et des Assedic prétend offrir au chômeur un interlocuteur unique qui effectuerait des tâches confiées auparavant à deux employés : le calcul de l'indemnité et l'aide à la recherche d'un emploi. En pratique, les employés se sentent mal formés dans la spécialité qu'ils n'exerçaient pas auparavant. Pire, le tout se passe dans des conditions humaines et matérielles difficiles, puisque le gouvernement essaye de réduire le nombre des lieux d'accueil.

En octobre dernier, les employés, débordés, ont fait grève pour exiger des effectifs supplémentaires. Le gouvernement leur a répondu par un questionnaire anti-stress à remplir et la promesse d'embauches pour résorber le surcroît de travail, mais qui ne seront que ponctuelles.

Ainsi, les employés de l'antenne de Créteil-L'Häy-les-Roses, en grève le 7 décembre, dénoncent des conditions de travail lamentables. Ils ont été regroupés dans des locaux incapables d'accueillir des personnes en nombre. Dans le cadre du suivi mensuel, il leur faut convoquer entre 300 et 400 personnes, contre seulement 150 avant la fusion : « Nous passons de moins en moins de temps en entretien individuel. Une situation qui aboutit à des tensions voire des conflits avec les usagers », dénoncent-ils.

Cette tension fait craquer certains salariés, comme ce conseiller de 35 ans, avec onze ans d'ancienneté qui, avant de tenter de se suicider, a envoyé ce texto : « J'ai décidé de faire un exemple à Pôle emploi comme à France Télécom, désolé de te l'apprendre comme ça mais il faut que cette fusion de merde ça s'arrête. »

Laurent Wauquiez, le secrétaire d'État au chômage, pardon à l'Emploi, a déclaré qu'il ne voulait pas prendre « à la légère » ces suicides. C'est le moins qu'il pouvait dire mais il attend maintenant le résultat du questionnaire. Comme si les maux et les exigences des employés n'étaient pas connus.

Et alors que le syndicat Force Ouvrière, par exemple, demande des « mesures urgentes », notamment « la suspension immédiate du déploiement de sites mixtes, de l'accueil commun et de l'entretien unique », le ministre se contente d'annoncer des négociations à partir du résultat du questionnaire... en janvier prochain. Une bonne grève lui ferait peut-être comprendre ce que c'est que le stress !

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