Russie : Poutine menace Renault... qui entend bien en profiter21/10/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/10/une2151.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Russie : Poutine menace Renault... qui entend bien en profiter

Le Premier ministre russe Poutine a menacé Renault, actionnaire important du principal groupe automobile russe Avtovaz. Poutine a expliqué que, s'il ne venait pas à la rescousse d'Avtovaz, notamment sous la forme de transferts de technologie, le Kremlin pourrait « diluer » les 25 % d'actions que Renault détient dans Avtovaz. Bref, le priver de son « paquet de contrôle » sur le constructeur russe.

Ce type d'opération est un classique de l'économie de marché à la russe, où l'État et les groupes de bureaucrates-affairistes sous son aile font la loi, en s'asseyant dessus au besoin. Depuis une vingtaine d'années, ils ont maintes fois montré qu'ils n'hésitaient pas à écarter des partenaires ayant cessé de plaire, ou devenus rivaux, en les expropriant par des combines plus ou moins légales, sinon ouvertement mafieuses.

Du coup, la presse d'ici, tel Le Figaro, a volé au secours de Renault contre « la méthode Poutine : Je tape du poing sur la table. Et je fais peur au partenaire étranger ». La direction de Renault, elle, n'a pas eu l'air plus surprise que cela. En fait, l'exigence russe de transferts technologiques n'est pas une nouveauté : d'autres grands groupes, dont les compagnies pétrolières étrangères opérant en Russie, fonctionnent déjà sur cette base. Et comment pourrait-il en aller autrement quand, 96 % des importations du pays étant des produits finis, l'État russe cherche à desserrer l'étau de sa dépendance technologique, et financière, vis-à-vis des grandes puissances économiques mondiales ?

Et puis Renault qui a mis un milliard de dollars sur la table début 2008 pour s'emparer d'un gros morceau du constructeur russe en espérant profiter du marché automobile local présenté alors - mais c'était avant l'éclatement de la crise financière mondiale - comme le premier en Europe, ne désespère pas d'un retour à des jours meilleurs.

Mais, même dans la situation actuelle de déprime du marché automobile, Renault tire largement profit de son « partenariat » avec Avtovaz.

Le 16 juin, la Société Générale a accordé un prêt de 171,5 millions d'euros à Avtovaz, garanti par l'État russe, qui doit servir à l'achat de licences auprès de Renault pour la production de véhicules et de moteurs. En 2008, Avtovaz a déjà versé 55 millions d'euros à Renault pour de tels achats.

Depuis des mois, que ce soit cet été quand la direction du groupe russe commença à parler de plan de licenciements, ou que ce soit en ce début d'octobre lors de leurs négociations au Kremlin, les dirigeants de Renault répètent que, pour leur groupe, « la Russie et l'alliance avec Avtovaz sont toujours une opportunité stratégique fondamentale ».

Une opportunité en or, vu que les salaires des ouvriers qui produiront des plates-formes de Logan sur les bords de la Volga ne dépassent pas l'équivalent de 300 euros par mois. Et encore, quand ils ne sont pas contraints au chômage partiel ou total. Et puis l'État russe, qui a décidé de soutenir financièrement Avtovaz, lui a déjà versé l'équivalent de 570 millions d'euros. C'est la première tranche d'une aide encore plus importante, dont une bonne partie devrait finir par atterrir, directement ou non, dans les caisses de Renault et de la Société Générale.

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